1. Les premiers - Episode 3


    Datte: 21/03/2019, Catégories: aventure, sf, fantastiqu, Auteur: Jean de Sordon, Source: Revebebe

    ... pareille de l’océan… La lumière revint tout soudain. La lumière du soleil… La chaleur du soleil leur brûlait le visage.
    
    Bettina tourna la tête en tous sens, sans parvenir à croire le témoignage de ses sens. Ils se tenaient sur une plage qui paraissait sans fin, doucement incurvée pour dessiner une baie immense, une baie avec son ciel, ses mouettes, des vagues, des crabes qui couraient en biais, le vent qui soulevait le sable… Tout cela paraissait si terriblement réel…
    
    Identiquement stupéfait, chacun des compagnons contemplait bouche bée l’incroyable spectacle.
    
    — Vous ne croyez pas que vous seriez mieux sans ces frusques ? demanda la voix surgie de nulle part.
    
    Et subitement, ils étaient nus. Plus que nus, même, car glabres, chauves. Les moindres poils avaient disparu de leur corps.
    
    — Quand vous en aurez fini avec ces gamineries ! dit Abraham.
    
    Sa phrase se termina par un cri de stupeur car sa verge, s’allongeant subitement, pendait à présent jusqu’au sol.
    
    — Encore un mot, un seul mot, reprit Carl, et je vous l’allonge de trois mètres : vous pourrez vous en servir comme d’une écharpe en hiver.
    
    En un instant trop bref pour être mesuré, Catherine sentit son corps adopter une nouvelle configuration et une petite voix s’éleva du bas de son ventre, une voix qui disait :
    
    — Oh, caressez-moi… Je vous en prie, caressez-moi !
    
    C’était son sexe qui venait de parler de la sorte, d’une voix aiguë et chantante.
    
    Ahurie, Catherine plaqua les deux mains contre ...
    ... son ventre, mais il en fallait plus pour étouffer la petite voix qui se remit à glapir.
    
    — Oh oui, oui, oui ! Mets-y deux doigts, ma chérie ! Et vous, là, les deux grands dadais, ça ne vous dérangerait pas de vous remuer un petit peu ?
    
    C’était trop épouvantablement grotesque, ce sexe qui les houspillait d’une petite voix d’enfant et Abraham éclata d’un rire nerveux, imité avec un temps de retard par le Japonais, puis par Catherine elle-même qui gardait toujours les deux mains jointes sur son ventre.
    
    — Au moins, tu ne risques plus de te sentir seule ! hoqueta Abraham, les larmes au bord des yeux.
    — Au lieu de rire comme un bossu ! riposta la petite voix, tu ferais mieux de me pénétrer, grand con ! Tu verras comme je suis doux et chaud et humide…
    
    L’hilarité d’Abraham redoubla.
    
    — Il sait ce qu’il veut !
    
    * * *
    
    Sur les écrans de l’Albert, le complexe panneau de configuration de l’ordinateur quantique, dont les réseaux avaient mystérieusement emprisonné un dieu, se peupla fugitivement de flashes d’avertissement, prélude rouge clignotant à l’effondrement du système.
    
    Erreur.
    
    Processus terminé.
    
    Fermeture de session.
    
    Terminé.
    
    Les écrans n’étaient plus que des rectangles blafards. Des alertes se mettaient à hurler un peu partout, signalant des dysfonctionnements qui mettaient en péril l’existence des voyageurs.
    
    L’Albert, privé subitement de son âme, n’était plus qu’un énorme tas de ferraille, aveugle, sourd, incontrôlable, enfoui dans le sol de la ...