1. Les premiers - Episode 3


    Datte: 21/03/2019, Catégories: aventure, sf, fantastiqu, Auteur: Jean de Sordon, Source: Revebebe

    ... vers le bas, deux des branches élaguées étaient assemblées non pas avec un grossier cordage de lianes, mais avec des fils électriques torsadés. Qui provenaient de quoi, d’où ?
    
    En revenant au village, elle s’enquit de la nommée Minagar, fut bientôt mise en présence d’une femelle dont le poil avait uniformément viré au blanc. Elle tenta de lier conversation, mais, soit que Minagar ne voulût pas lui parler, soit que l’âge l’eût rendue sénile, elle n’en put tirer que des phrases décousues et sans signification.
    
    Ce fut une soirée tranquille et sans histoires. Abraham et Catherine mangèrent du poisson grillé et des agrumes, burent une sorte de vin de baies et ils firent longuement parler les duveteux, sans toutefois rien obtenir sur le sujet qui excitait si fort leur curiosité : la mystérieuse voix, les non moins mystérieuses reliques stockées dans la grotte. Sitôt que le sujet était abordé, toute la volubile jovialité des duveteux se tarissait d’un seul coup, le silence tombait, pesant, qui mettait les terriens mal à l’aise.
    
    Le soir, seuls dans la grotte qui leur avait été attribuée, ils parlèrent à nouveau de ce sujet. Abraham était réticent à l’idée de l’expédition projetée par sa compagne, se laissa néanmoins fléchir. Ils convinrent de lancer l’expédition d’espionnage à trois heures du matin, au plus profond de la nuit. Catherine s’endormit rapidement sur son grabat. Abraham, lui, ne put trouver le sommeil, tournant et retournant sur sa couche en proie à des ...
    ... pensées confuses et peut-être aussi à une peur vague qui ne pouvait prendre ses racines d’une manière précise. À l’extérieur, un oiseau lançait à intervalles réguliers un cri perçant et musical. Près de la tête du terrien, un insecte froissait ses élytres. Le bois craquait, un vent léger faisait frémir doucement les feuillages de la forêt proche. La nuit murmurait de ses bouches multiples.
    
    Enfin, ce fut l’heure. Abraham toucha l’épaule de la jeune femme qui se redressa, aussitôt consciente.
    
    — On y va, souffla Abraham.
    
    Ils se faufilèrent sans bruit dans les couloirs déserts. Seules quelques sentinelles étaient éveillées mais, surveillant le talus conduisant au bas de la falaise, elles ne purent voir les Terriens s’éloigner à pas de loup en direction des hauteurs. Enfin, Abraham et Catherine arrivèrent devant la grotte. La sentinelle avait disparu. Abraham posa la main sur l’épaule de sa compagne, approcha les lèvres de son oreille :
    
    — Vas-y, dit-il. Je vais faire le guet. Ta radio fonctionne ?
    
    Catherine porta la main à sa poitrine, un léger bip résonna dans l’oreillette du commandant.
    
    — Putain, si on se fait pincer, gloussa Catherine, qui trépignait d’excitation. Les duveteux seront furieux, dingues !
    — Ta gueule ! Tu vas nous porter la poisse, gronda Abraham, repris par ses inquiétudes.
    
    Restée seule, Catherine entreprit de défaire les nœuds qui maintenaient ensemble les branches constituant la porte. Avant de pénétrer dans la grotte, elle jeta un coup d’œil ...
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