Les premiers - Episode 3 - Histoires de Sexe

Les premiers - Episode 3

... ouverture.

— Enigma !
— Que nous veulent ces jeunes gens ? demanda la voix paisible du serviteur.
— Filer à l’anglaise, quelle question ! rugit Abraham. Je ne sais pas si tu as remarqué, bougre d’âne, mais cet endroit devient assez inhospitalier. Ramène-nous à Terre-Bis.
— Ah, mais c’est qu’ils doivent nous donner le mot de passe.
— Quel mot de passe ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Tu sais bien que nous n’avons pas le moindre mot de passe…
— Eh bien, voilà qui est fort ennuyeux, se lamenta hypocritement la machine. Vous n’avez donc pas noté, avant de quitter Terre-Bis, le mot de passe qui seul vous autorise le retour ? Et maintenant, il est trop tard. Mon Dieu, que c’est bête ! Mais que c’est bête !

Une nouvelle secousse les fit vaciller.

— Si tu avais une gueule où je puisse abattre mon poing, je te jure que ta mère… ou ce qui en tient lieu, ne te reconnaîtrait pas, rugit Abraham.

Il ramassa une pierre plus grosse que sa tête et, avec une force décuplée par la colère, la souleva, la jeta dans le cercle de noirceur qui figurait la « porte » du serviteur.

— Ce garçon risque de se faire mal, déclara la voix imperturbable. C’est bien, qu’il entre. Mais…

La « porte » acquit plus de réalité. Abraham jeta au loin la seconde pierre qu’il venait de soulever en soufflant comme un bœuf. Les terriens se ruèrent dans la coursive brumeuse et, enlacés, demeurèrent plusieurs minutes immobiles, sans parvenir à croire qu’ils avaient survécu à l’effrayant ...

... phénomène.

La voix d’Enigma les ramena à la réalité.

— Puisque ces maîtres ont pénétré dans notre intimité, nous dirons-ils où ils souhaitent se rendre ?
— Ramène-nous à Terre-bis, Enigma…
— Ce monde ne figure pas dans mes répertoires, répondit la machine.

Abraham ne se retint pas de jurer.

— Enigma, cher trou de ver, dit-il avec tout le calme dont il était capable, tu nous as conduit de Terre-bis à ce monde, il n’y a pas trois jours…
— Ce capitaine, répondit la voix suave, vient d’un monde où le temps et l’espace forment un couple relativement uni. Mais, dès que l’on s’avise de dissocier ce couple, les choses deviennent beaucoup moins simples… Loin de moi l’idée de servir à ces jeunes gens un cours de physique avancée…
— … dont nous n’avons que faire, en effet, trancha Abraham. Mais tu ne m’ôteras pas de l’idée que si nous étions prêts à céder à l’ultimatum de l’ami Carl, la mémoire te reviendrait.
— Ce n’est pas impossible, en effet, affirma une autre voix. Celle de Jola.
— Eh bien, va te faire voir, riposta Abraham…
— Vous n’êtes pas raisonnables ! soupira Jola.

Et la lumière s’éteignit subitement.

Le sol se déforma sous les pieds de Catherine qui ne put retenir un cri, tendit instinctivement le bras pour se retenir contre la cloison de brouillard. Mais elle ne rencontra que le vide, tomba en avant, s’étala… sur du sable. Elle en ramassa une poignée, incrédule, pensa qu’elle était devenue folle : un bruit régulier de ressac, l’odeur à nulle autre ...