L'auto-stoppeur (1)
Datte: 19/03/2019,
Catégories:
Erotique,
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
La pluie battante n’arrange pas la visibilité. Dans le pinceau des phares, c’est tout juste si je distingue le bas-côté de la route. Il est presque onze heures du soir et je rentre de chez mon amie Nadine. J’ai passé avec elle une bonne soirée, oubliant un peu que tu n’es pas là, pour encore une semaine complète. Parfois, je maudis ton travail qui t’oblige à ces longues absences. À d’autres moments, je me remémore les instants bénis de tes retours et je trouve que ce boulot a bien du charme, finalement.
Chez Nadine, café et petits gâteaux, une veillée qui m’a permis de rompre cet isolement obligé, que ton déplacement impose. Mais voilà, il me faut rentrer, et surprise, depuis que je monte le « Costet-Beillard », depuis « Granges sur Vologne », la pluie, que dis-je le déluge s’abat sur la chaussée. J’ai ralenti l’allure de ma voiture, tant le ciel et ses nuages assombrissent ma vision de la route.
Enfin, je serai bientôt de retour à la maison, à l’abri de ce temps automnal qui s’annonce. Mais soudain dans la maigre lumière des phares de la voiture, une forme qui semble surgir de nulle part. Je fais une embardée de peur de heurter l’idiot qui empiète de telle façon sur le bitume. Ce faisant, je remarque la tignasse noire émergeant d’un imperméable marron clair, puis je vois le pouce en l’air de l’individu. Faire du stop dans un endroit pareil ! Ma parole, il cherche à se faire tuer ? Pourquoi est-ce que je m’arrête moi ? Suis-je cinglée d’attendre que le gaillard qui ...
... court arrive à ma portière ? Il est là devant ma vitre à demi baissée.
— Bonsoir ! Excusez-moi ! Mais je ne m’attendais pas à voir une voiture dans le col ! Je vous ai fait peur ?
— Bon ! Vous montez ou vous continuez à prendre l’eau de partout ! Au cas où vous ne le sauriez pas, il tombe des cordes.
— Vous voulez bien m’emmener au prochain village ? Je vais à Strasbourg et sur ces petites routes il n’y a guère de circulation ! C’est gentil à vous de me prendre en stop !
— Strasbourg ? Mais par un temps pareil, vous n’allez trouver personne pour vous emmener !
— Ce soir oui ! Mais je vais bien trouver un endroit au sec pour passer la nuit et demain je continuerai mon chemin !
— Je peux vous héberger pour la nuit si vous voulez !
J’ai dit cela, comme ça sans réfléchir. Le jeune homme que je viens de faire monter dans ma voiture à tout juste une trentaine d’années, des cheveux trempés qui lui coulent dans la nuque. Il parait frigorifié, mais soudain, je me dis que je viens peut-être de faire une bêtise.
— Ce n’est pas de refus, vous avez un endroit pour que je dorme ?
— J’ai une chambre d’ami ! Oui, un bon café et une douche vous feront le plus grand bien !
— C’est gentil ! Vous êtes une fée ?
Je ris de sa blague et il tremble un peu alors que déjà j’aborde la dernière montée, celle qui m’amène au bout du lac. Encore quelques centaines de mètres et voilà le portail du chalet ! Il s’ouvre sans bruit, dégageant ainsi le petit chemin gravillonné qui ...