Pas drôles, les drones !
Datte: 26/02/2019,
Catégories:
fh,
profélève,
piscine,
campagne,
hotel,
voyage,
dispute,
policier,
Auteur: Rémi Karsan, Source: Revebebe
... esprits aux faits plus qu’aux théories. Face à la nouveauté, beaucoup d’entre eux tentaient en fin de cours de récupérer quelques idées bienvenues.
Son regard se reporta sur la masse studieuse. Rien ne la distinguait des semaines précédentes. Pas de geste inhabituel, pas de comportement suspect, rien que de l’attention. Portée par son sujet, Paula réussit à s’extraire de ses soucis, et la fin du cours arriva sans qu’elle en ait ressenti la durée. Après qu’elle eût terminé, une vingtaine d’étudiants vint l’entourer, curieux des précisions qu’elle leur apporterait. Tous étaient proches, la frôlant parfois. Rarement, elle supposait une main glissant sans insister sur ses fesses, aujourd’hui protégées par un fin pantalon de coton clair, mais rien qui méritât l’attention.
Très vite, elle s’extirpa du groupe pour rejoindre son bureau, dans la partie ancienne de l’université. Elle s’y attardait souvent, savourant la sensation qu’avaient connue tous ses prédécesseurs depuis trois siècles. Elle le quitta encore plus tard que d’habitude, peu désireuse de retrouver un mari dont elle se persuadait peu à peu qu’il était le coupable désigné dans les lettres du drone.
De son côté, Marc ne décolérait pas. Lui aussi était rentré tard après avoir dîné d’un sandwich acheté à une baraque près de ses bureaux du 15ème arrondissement. L’attention inhabituelle qu’il avait portée au comportement de ses collaborateurs – en majorité de jolies jeunes femmes recrutées pour leur entregent dans ...
... ce domaine très relationnel – l’avait renforcé dans sa conviction que Paula était coupable. Il avait envisagé quelques instants une mauvaise blague, mais il ne pouvait imaginer une telle stupidité. Non, celui qui faisait cela avait un but : le séparer de Paula en mettant au grand jour leur relation pour mieux la prendre. Il pensa un instant jouer les indifférents pour contrecarrer un plan aussi machiavélique, mais le ressentiment prenait le dessus. Il lui laisserait une chance : si Paula avouait sa faute et renvoyait l’intrus, il était prêt à pardonner. Mais cette mansuétude ne durerait pas.
* * *
L’ambiance était délétère. Paula et Marc évitaient la villa et ne s’y retrouvaient qu’à de rares moments ponctués d’invectives et de reproches, convaincus de la perversité de l’autre. Le temps s’en mêlait aussi : faisant suite à plusieurs jours maussades, la journée du dimanche débuta sous une pluie d’été, chaude, morne et collante, incongrue au regard du calendrier.
Après le déjeuner au cours duquel moins de dix mots furent échangés, Paula s’enferma dans son petit bureau au sous-sol pour préparer les examens de fin d’année. Marc, avachi sur le canapé de cuir blanc face à l’immense écran de télévision, suivait sans y accorder grand intérêt une compétition automobile qui se déroulait à des milliers de kilomètres sous un soleil de rêve. Des trombes d’eau battaient les grandes baies vitrées, limitant la visibilité à quelques mètres.
Enfin, les nuages se déchirèrent et un ...