Le dîner
Datte: 23/02/2019,
Catégories:
cérébral,
nonéro,
Auteur: Curiosa, Source: Revebebe
... crèverait les yeux de tout le monde. Pour l’instant, elle l’écrasait et donc le masquait. Mais quand elle se lèverait, ou qu’elle décroiserait les jambes ?
J’hésitais sur la conduite à tenir. Pour me donner une contenance, je refis un tour de service des amuse-gueule. Arrivée devant Sonia, je la servis et lui fis cette demande, avec autant d’assurance que possible :
— Sonia ma chérie, tu marches sur une saleté que j’ai laissée traîner. Peux-tu écarter le pied, que je nous en débarrasse ?
— C’est pour ça que tu nous as piqué un phare ? C’est bien toi ça ! Maniaque de la propreté comme tu es… mais tu sais, ça n’est vraiment un problème pour personne.
Et elle souleva le pied pour l’écarter.
Je sentis mon estomac tomber en chute libre… Le souffle coupé, je regardais entre les pieds de Sonia. Il n’y avait rien. Sonia éclata de rire ;
— Mais qu’est-ce que tu nous chantes ? Il n’y a rien du tout !
— Pourtant j’aurais juré.
— Arrête donc de faire la bête ! Allez, viens, on va aller servir ton soufflé ensemble. À l’odeur, je sens qu’il est à point.
Et elle me donna le bras pour m’entraîner à la cuisine. J’en avais bien besoin, je tenais à peine sur mes jambes. Nous avions à peine fait deux pas que Gilbert se souleva de son siège et se pencha vers les talons de Sonia :
— Attends Sonia, tu as quelque chose de coincé sous ta chaussure.
Et délicatement, il libéra l’enveloppe qui s’était coincée sous la semelle, et referma la main sur elle.
Nos trois ...
... regards se croisèrent. Il y eut un très bref instant de vide parfait dans ma tête. Ce fut Sonia encore qui sauva le morceau.
— Eh bien Gilbert ? Qu’est-ce que tu attends? Va donc mettre ça à la poubelle ! Passe devant, tu connais la maison. Aline et moi suivons, pour le soufflé. Les amuse-gueule, ça va un temps, mais maintenant il faut passer aux choses sérieuses.
A la cuisine, je fus à deux doigts de la crise de larmes. Sonia me fit la leçon.
— Ecoute Aline, sois tranquille, personne n’a rien vu, à part nous, et tu peux compter sur notre discrétion. Et puis, ça n’est jamais qu’un sachet de préservatif vide ! Il n’y a pas mort d’homme ! Ni de femme…
— Oh, te fiche pas de moi en plus ! C’est plus compliqué que tu ne crois… je te raconterai. Mais bon, tu as raison. Tu es sûre que personne n’a rien vu ?
— Non, personne. Et Cyril non plus. J’ai bien remarqué que vous n’étiez pas dans votre assiette tous les deux… mais tu peux être tranquille, Gilbert était entre lui et moi, il ne peut pas avoir vu. Et même ? Qu’est-ce que ça changerait ? Il n’y a qu’à l’entendre se faire du souci pour toi : il tient à toi, va.
Nous revînmes avec le soufflé, qui reçut une ovation. Pendant le repas, Gilbert me servit de vin un peu plus copieusement que de coutume. Je me laissais faire, j’avais besoin de ça pour me laisser aller, et retrouver une humeur plus enjouée. Cyril aussi, et grâce à ça la soirée, qui s’annonçait difficile, passa comme une lettre à la poste. Cela dit, nous nous ...