Plage Nette - Histoires de Sexe

Plage Nette

... années… répond-elle, désabusée.
— Mais, c’est normal, c’est naturel pour un homme de…
— Lucien, tu sais que nous sommes au troisième millénaire ?

Elle passe devant lui, sans le voir, il reste bouche bée. Calmement, elle ouvre la porte, le regarde une dernière fois et affirme :

— Lucien, c’est non négociable. Donne-moi ta réponse demain midi. Tu peux faire ce que tu veux de ta nuit, moi, je ne rentrerai pas. Bye !

Puis la porte se referme sur un Lucien pétrifié qui sent bien que la corde est définitivement cassée. Il s’emporte alors, manquant de tout vouloir casser. C’est son reflet dans le miroir qui lui fait admettre qu’elle lui offre, au final, la meilleure solution. Lentement, il s’approche de la grande glace, il voit bien que l’homme aux tempes argentées qui est devant lui ne sera jamais fidèle, mais qu’il finira sans doute seul, abandonné, sans elle.

De rage résignée, il pose son front sur le miroir, immobile. À sa grande stupéfaction, une larme vient s’écraser au sol.

--ooOoo--

Un an plus tard durant un été très doux, une terrasse en pleine ville, deux femmes qui bavardent d’un café et d’un thé.

— Ton histoire est tout de même ahurissante, Mélanie, toi, la parfaite incarnation de la femme fidèle envers et contre tout, tu fais à présent ménage à trois ! Voire même peut-être à quatre ! C’est fou, quand même !
— ...

... Le plus amusant, finalement, vois-tu, Danielle, c’est que Lucien est devenu fidèle tandis que, moi, je le trompe ouvertement… Enfin, fidèle… disons qu’il s’est nettement amélioré. Il me croyait définitivement acquise…
— Ah… et ton Allemand, il en dit quoi, de tout ça ?
— Mon Gert adoré ? Ah, c’est vrai qu’il râle quand même parfois un peu, et même beaucoup, il voudrait m’avoir rien qu’à lui ! Je le comprends parfaitement, j’étais exactement comme lui, avant.

Celle-ci lève les yeux vers le ciel bleu, songeuse. Sur les chardons ardents, désireuse d’en savoir plus, son ancienne camarade de lycée reprend :

— Et tu le vois souvent, Mélanie ?
— Suite à une fusion récente et « légèrement » provoquée avec un grand groupe français, il est très souvent de passage dans la capitale. Et au lieu d’aller à l’hôtel, il passe à la maison, tout simplement.

Ébahie, Danielle la regarde, les yeux écarquillés :

— Ah bon ? Il vient dormir chez toi ? Dans la chambre d’ami ?
— Il dort dans MA chambre, tout simplement.
— Mais… mais, Lucien, il dit quoi ?
— Faut bien qu’il s’y fasse, le pauvre chéri ! D’ailleurs, lui et Gert s’entendent bien, aussi étrange que ça puisse paraître. De plus, comme MES hommes le disent eux-mêmes : « Vaut mieux être plusieurs sur une bonne affaire que seul sur une mauvaise » ! Et je suis totalement d’accord avec eux !