Retrouvailles - Histoires de Sexe

Retrouvailles

... terreur intense, qu’elle n’avait jamais vue auparavant. Ils dépassèrent une maison abandonnée et en ruine, et s’engagèrent dans une rue bordée d’immeubles eux aussi à l’abandon. Un panneau « Chantier interdit au public » gisait sur le sol.

— Prends une arme, dit l’Asiatique à sa compagne.

Amel s’empara d’un fusil à pompe posé sur le siège avant, près d’Amélie. Elle l’arma, puis le serra contre elle, alors que son amant se penchait en avant pour interroger leur conductrice :

— Maintenant, Amélie, dis-moi. Qui t’a dit où Ben se trouvait ? Qui est ton informateur ?

Celle-ci resta les yeux rivés sur les immeubles délabrés qu’ils longeaient lentement.

— Je peux pas vous le dire pour l’instant.
— Pourquoi ?
— Parce que…

La conductrice stoppa brusquement la voiture et coupa le contact. Amel déglutit avec difficulté et déboucla sa ceinture de sécurité de ses doigts tremblants.

— Parce que vous allez le rencontrer.
— Mais qui ? s’impatienta Huang, rendu nerveux par tout ce mystère.
— Faites-moi confiance. Je sais ce que je fais.
— Mais nous on ne sait pas, et ça me rend salement nerveux.

Il déboucla sa ceinture à son tour et sortit de la voiture. Ils s’étaient garés devant un immeuble à l’abandon. Les vitres du hall étaient brisées. Amel sortit à son tour et jeta des regards anxieux autour d’eux.

— On n’a pas le temps, fit Amélie. Ils arrivent, ce n’est qu’une question de minutes. On récupère Ben et on se barre.

Sans attendre de réponse, elle se ...

... dirigea vers le hall, alors que le couple s’avançait derrière elle à pas craintifs.

***

Je ne parvenais pas à y croire. Il se tenait là, debout devant moi, apparition fantomatique. Un mort. Je me tenais face à un mort.

— David, soufflai-je de nouveau.

Il portait un jean et un pull noir à manches longues, tenue sombre qui le faisait paraître encore plus irréel. Je clignai des yeux mais il ne disparut pas par miracle.

— T’es vivant ?
— Pas exactement.

Sa voix était la même qu’auparavant. Ses yeux de la même couleur. Il n’avait pas changé.

— David…

Je me recroquevillai contre le mur, comme si je voulais me fondre en lui. Je parlais avec un mort !

— C’est dingue, je… je…

Il me scruta de haut en bas.

— Ton évasion m’est parvenue aux oreilles.
— Pourquoi ils m’ont attaqué ? Pourquoi après neuf ans ?

La silhouette se mit en marche. Un pas vers moi et je poussai un gémissement. Mon cœur battait si fort que j’étais sûr qu’il l’entendait. Bien sûr. Il devait même sentir les effluves de ma sueur, l’odeur de mon sang bouillonnant dans mes veines.

— Où as-tu emmené maman ?
— En sécurité. Dans mon repaire. Nous y serons en sécurité. Mais il faut faire vite.
— Elle… vit ?
— Elle survit, Ben. Je ne te mentirai pas.

Je fermai les yeux et inspirai profondément.

— Et Amel ? lui demandai-je. Où est-elle ?

Entendre ce prénom le fit s’arrêter. Il était si près de moi que je sentais son odeur. Une odeur froide. Malsaine. La mort.

— Elle est là, ...