Nous vivons seul - Histoires de Sexe

Nous vivons seul

... la parole.

— Et… vous… enfin…

Elle s’est lancée, d’un seul coup.

— Vous pourriez m’aider ?
— Vous aider ? Nous pourrions, oui.
— J’ai un problème avec ma voiture, là-bas, tout près de chez vous, et…
— Le problème, c’est que nous ne voulons pas.
— Pardon ?
— Nous ne voulons pas. Nous sommes glandeur, nous vous le rappelons.
— Oui, mais… il n’y a pas quelqu’un d’autre chez vous qui…
— Nous vivons seul.

Elle a pris un air malheureux qui nous a quand même un rien ému, alors nous avons soupiré :

— Bon. Qu’a-t-elle ?
— Katel ?
— Qu’a-t-elle, votre voiture ?
— Ah ! Qu’a-t-elle !
— C’est ce que nous avons demandé, oui.
— Eh bien, elle ne veut plus avancer.
— C’est fâcheux ! avons-nous décrété en nous grattant le menton sur lequel glandait une barbe de deux jours.
— Oui, n’est-ce pas ?

Elle a souri, sans forcer.

— Je sais que vous n’êtes pas mécanicien, mais…
— Mais ?
— Vous pourriez venir jeter un coup d’œil…

Nous avons abandonné nos pantoufles pour nos chaussures et l’avons suivie sur le chemin. Quelle idée elle avait eue de tomber en panne tout près de chez nous ! Nous qui avions choisi d’habiter cet endroit pour son calme et son isolement !

Elle a commencé à s’activer autour de la voiture, ouvrant les portières et s’asseyant au volant pour tenter de mettre le moteur en marche. Le démarreur s’acquittait de sa tâche, mais le moulin refusait de collaborer, la proximité de notre logement l’ayant probablement inspiré. Nous nous sommes penché ...

... par la portière droite grande ouverte.

— Ouvrez donc le capot, avons-nous proposé.
— Comment on fait ?
— On tire le levier, là-dessous, un peu plus bas que votre genou.

Nous avons vu le soleil couchant qui jetait des reflets chaleureux sur deux jolis morceaux de cuisses gainées de nylon, puis la femme a trouvé la tirette alors nous sommes allé soulever et béquiller le capot. Elle a relancé le démarreur, mais toujours sans succès.

— Vous voyez ce que c’est ? a-t-elle demandé en se soulevant légèrement par-dessus la portière ouverte pendant que nous nous penchions sur le compartiment moteur.
— Heu… Ben… Apparemment, ça démarre pas.
— Vous n’êtes pas mécano, en effet ! a-t-elle lancé, un brin énervée.
— Ben, non. Nous vous l’avons dit. Y a de l’essence, au moins ?
— Mais oui !
— Bon, ben c’est tant mieux, parce que nous ne sommes pas pompiste non plus !

Elle a mis une nouvelle fois le contact, mais le moulin avait apparemment décidé de partir en grève sans préavis.

— Quelle merde ! a-t-elle maugréé.
— Si vous voulez notre avis, le ventilateur a dû souffler les bougies, avons-nous suggéré pour tenter de détendre l’atmosphère.
— Très drôle ! a-t-elle répliqué sans rire en quittant le siège du conducteur.

C’est à ce moment-là que nous avons entendu un bruit de moteur et que l’autre voiture est arrivée. Un mec a passé la tête par la vitre du passager.

— Vous êtes en panne ?
— Non, nous admirons le moteur, avons-nous répliqué.
— Mais oui ! Nous sommes ...