L'achat - Histoires de Sexe

L'achat

... par l’absence des plus jeunes. Elle devance ma question :

— N’ayez crainte, Sir Andrew, les enfants vont bien, ils sont sur l’île voisine, en train de la visiter avec leur gouvernante et des personnes de confiance. Ils seront là après-demain dans l’après-midi.
— Soit… Mais pourquoi n’êtes-vous pas venue avec eux en même temps ?
— J’avais à m’entretenir avec vous.

Je lui propose d’aller dans mon bureau aux larges fenêtres. La vue y est fort belle, la mer d’azur aux vagues blanches clapote à perte de vue, c’est reposant, je me perds souvent dans la contemplation de ce bleu immaculé. À peine arrivée dans mon bureau, elle aussi semble se perdre dans l’immensité de ce bleu pur.

— Je comprends mieux votre attachement à ce lieu… C’est vraiment magnifique.
— Merci, Eugenia. De quoi souhaitez-vous m’entretenir ?

Eugenia est devant moi, altière, rayonnante. Elle ne perd pas de temps :

— Vous souvenez-vous d’une certaine conversation, il y a maintenant environ deux ans, Sir Andrew ?

Je me méfie de la suite. Je demande néanmoins :

— Laquelle, Eugenia, nous avons parlé de tant de choses…
— Celle que j’essayerai de vous faire changer d’avis à mon sujet.

Terrain glissant, très glissant. Je fais un pas de côté :

— Je vois que vous avez de la suite dans les idées…
— J’ai fait mon possible pour recoller les morceaux avec Oliver, et vous ne pouvez pas le contester. Je reconnais qu’à l’époque, vous aviez bien chapitré et conseillé votre fils. Nous en étions ...

... revenus à l’heureuse époque d’avant, quand tout allait bien, même si, parfois, je gardais dans un coin de ma tête le souvenir de sa trahison. Mais dans certaines circonstances, il faut savoir se taire…
— Je vous sais gré de vos efforts, votre couple était en effet redevenu comme avant.
— Oui, c’est vrai, mais voilà, les événements, le destin ont fait que… vous savez quoi… Tout ça pour rien, ou si peu, juste quelques mois de bonheur retrouvé… Avec un peu de recul, il fallait y voir un signe de la divine Providence.
— Ou du démon, Eugenia…

Elle se contente de sourire faiblement :

— Ou du démon, peut-être, Sir Andrew. Et je crois que vous êtes un fin connaisseur des enfers. Aussi bien dans les sphères du pouvoir que celles de l’intimité.
— Et devant tant de turpitudes, vous ne vous enfuyez pas derechef ? Vous devriez, car, à ce que vous dites, je ne suis guère fréquentable…

Elle sourit plus franchement, puis s’approche un peu :

— Vous ne changez pas, Sir Andrew. J’ai fini par découvrir ce qui vous lie réellement, vous et votre collaboratrice, ou devrais-je dire, votre soumise. Je reconnais avoir été choquée, puis le choc passé, j’ai été curieuse, intriguée… très intriguée. Et ensuite, je dois le reconnaître, j’ai alors été… disons le mot… envieuse…
— Vous, envieuse de Miss Gladys ?
— Oui, même si j’ai eu du mal à l’admettre au début. Je suis même jalouse, Miss Gladys a tout de vous.
— Si vous avez compris, comme vous le dites, n’oubliez pas qu’en contrepartie, elle ...