La mère de Jean (3)
Datte: 18/01/2019,
Catégories:
Divers,
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
Dans le train express qui l’emportait vers chez son domicile, Adèle voyait défiler sous son crâne toutes les péripéties d’une fin de semaine très peu conventionnelle. Dire que c’était les amis de son fils qui l’avaient ramenée sur le chemin d’une sexualité en mode redécouverte. Sa trop longue hibernation allait enfin cesser ? Elle se voulait résolument optimiste. Mais elle ne reviendrait pas dans l’appartement de Jean de sitôt. Et elle s’en félicitait parce que son gamin se serait sans doute aperçu de quelque chose. Les cernes sous les yeux ne trompaient jamais grand monde.
En tout cas, elle avait pris un énorme plaisir à prendre en bouche les deux sexes de ces hommes jeunes, pleins de vie et encore d’illusions. Et les images plus pornographiques qu’érotiques qui se bousculaient dans sa tête lui laissaient sur les lèvres un sourire énigmatique. Le couple assis sur la banquette, face à elle, ne cessait de la chouffer. Chaque cahot provoqué par les rails la renvoyait dans son monde si particulier et pourtant elle se traitait d’idiote lamentable.
Difficile de renouer avec le sexe dans ces conditions, mais si une voix en elle l’insultait, une autre plus raisonnable lui laissait entendre que son corps avait apprécié. Donc il ne s’agissait que de faire bonne mesure, de peser les pour et les contre et de voir de quel côté pencherait la balance. Paupières mi closes, elle se berçait aux bruits de roulement sur les voies. Elle sentait ces regards appuyés de l’homme qui donnait ...
... la main à sa compagne. La femme aussi revenait sur le visage d’Adèle, mais elle le faisait sans insistance malsaine.
Le trajet s’éternisait, mais la maman de Jean aimait le confort des voitures de la SNCF. De toute manière elle n’avait pas de permis de conduire et ne s’en inquiétait pas vraiment. Elle se tourna vers la baie vitrée et y posa son front. C’était frais, et dans la toute petite fente entrouverte entre ses cils entremêlés, elle scruta un long moment le paysage qui défilait à toute vitesse. Elle se félicita d’être dans le sens de la marche. Puis sans doute, la pensant endormie ; le type sur sa banquette eut un geste en direction du menton de son accompagnatrice. La femme eut une sorte de raidissement qui passa inaperçu chez le bonhomme.
Et il insistait. Alors de guerre lasse elle tourna son joli visage vers lui. La tentative de baiser ne devait plaire qu’à demi à cette nana. Adèle se surprit à se poser la question de savoir ce que ces deux-là fichaient ensemble. La femme était brune de cheveux, mais aussi brune de peau. Un bronzage estival parfaitement réalisé. Lui était… quelconque, sans envergure. Mal assorti, voilà ce que se disait la voyageuse. Ils n’allaient pas bien ensemble, mais allez savoir pourquoi cette idée tenace s’insinuait sous le crâne de la mère de Jean. Pendant ce temps, le train avalait les kilomètres.
Face à elle, l’autre revenait à la charge et la femme enfin s’abandonna dans un palot rapide. Mais quand les grosses pattes commencèrent à ...