Le destin est parfois surprenant !
Datte: 15/01/2019,
Catégories:
fh,
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Auteur: Aud, Source: Revebebe
Dans le premier épisode, je vous invitais à découvrir le « commencement » de LA grande histoire d’Amour de ma vie (qui n’est pas une fiction, mais bien réelle !). Ainsi, je raconte comment j’ai retrouvé, alors que j’étais étudiante, mon ancien professeur de français, dont je suis éperdument amoureuse depuis près de quinze ans aujourd’hui.
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Le campus de la fac de lettres est quasi désert, il est presque vingt heures et je m’apprête à rejoindre une amie qui loue une chambre sur la cité U. C’est le mois d’octobre et il fait déjà un froid hivernal… Alors, j’active le pas pour me réchauffer un peu ; et puis, je n’ai envie de croiser personne ; ce soir-là, une fois de plus, j’ai le spleen, un spleen chronique qui attaque mon moral depuis plusieurs semaines…
J’ai vingt ans. Qui a osé affirmer qu’il s’agissait là du plus bel âge ?
Je noie mon ennui dans des fêtes quotidiennes et futiles qui ne font que m’éloigner un peu plus de celle que je voudrais être, de celle que je suis en réalité. Je n’étudie presque plus, préférant sombrer dans le monde de la nuit, qui me happe insidieusement chaque soir un peu plus.
Quand j’arrive enfin, à bout de souffle, au cinquième étage, dans la chambre étriquée de Dorothy, elle est déjà en pyjama, fatiguée et pas du tout motivée pour la virée que nous avons prévue… On parle un peu et, comme à chaque fois, Dorothy, beaucoup plus sage et studieuse que moi, me fait la morale : je devrais me reprendre en main, ne pas lâcher mes ...
... études, limiter mes sorties, reprendre goût à la vie, et surtout… l’oublier… Ce type n’est pas fait pour moi bon sang, il a le double de mon âge, une vie de famille, et ne m’a même pas rappelée ! Je suis une idiote… Voilà déjà dix ans que je suis une idiote qui voue un amour inconditionnel à un prof, vieux et sans intérêt… Ma copine l’a mauvaise, elle veut me secouer, même si elle me connaît et sait pertinemment, au fond, que c’est peine perdue…
Je reste stoïque, les paroles incisives de Dorothy me survolent, je ne veux même pas les entendre. Que puis-je dire pour ma défense ? Ma pauvre conscience, débordante de lucidité, sait parfaitement que je me borne depuis bien trop longtemps à nourrir un amour impossible… Seulement, que puis-je faire ? Suis-je réellement coupable, ou victime ? Ne suis-je pas aliénée par des sentiments qui me submergent et me réduisent à l’état de marionnette ? Et d’ailleurs, quoiqu’il en soit, je dois être maso, car je prends du plaisir dans cette souffrance, parce que cette souffrance est « digne », cette souffrance est « pour Lui »…
Je m’en vais, je vais sortir toute seule. Hors de question de renoncer à mon échappée quotidienne devenue vitale ! Si toutefois je devais passer une soirée seule avec moi-même, je serais immanquablement confrontée à mon cafard. Je n’ai ni le courage ni les forces pour l’affronter de face !
Quand j’entre dans le bar, il n’y a pas grand monde, il est déjà tard et les soirs de semaine, le quartier n’est pas très animé. ...