1. Les petites bougies


    Datte: 13/01/2019, Catégories: Dans la zone rouge, Auteur: Svetlanavassilianova, Source: Hds

    Il dormait d’un sommeil lourd, encore fatigué de sa semaine. Je le laissai continuer de se reposer. Notre chambre était déjà partiellement éclairée par le soleil d’automne qui traversait les persiennes.
    
    C’est en me levant, tout en essayant de remuer le matelas le moins possible, que j’entendis quelques mouvements parvenir de la chambre voisine. Le petit mobile suspendu au-dessus du lit de notre bébé venait d’être mis en rotation, sans nul doute par ses petites mains potelées. Une petite musique douce se mit à retentir. Je tirai alors prudemment la porte de notre chambre avant d’entrer dans la seconde.
    
    Ma petite nénette, les cheveux hirsutes, les yeux grands ouverts, redressée sur ses jambes encore un peu frêles pour la faire marcher seule et sans aide, se cramponnait de toutes ses forces aux barreaux de bois de son petit lit surélevé. Elle me fit un joli sourire et poussa de petits cris en me voyant entrer. Le bout de son museau aux deux incisives apparentes, placé entre deux barres verticales, était un délice de frimousse. Un joli bébé de l’amour.
    
    - Chuuut, chuut, fis-je en mettant l’index devant ma bouche, papa est encore en train de dormir, on va essayer de ne pas le réveiller.
    
    Je la pris dans mes bras pour parcourir le couloir de l’étage, jetant un œil en passant à l’intérieur de la dernière chambre, celle de mon fils, celle qui ne l’a pas vu y jouer depuis quelques années maintenant qu’il avait grandi. Nous descendîmes dans la cuisine.
    
    Tout en préparant ...
    ... le biberon, je réfléchissais au repas du midi. Nous étions dimanche, et cela tombait vraiment bien que l’anniversaire de l’homme de ma vie tombe ce jour tranquille, sans travail ni obligations. Nous allions pouvoir profiter à fond de cette journée de fête.
    
    Je nous installai sur le canapé, face à la télévision que j’allumai plus par distraction qu’autre chose. Je ne la regardai même pas, mes yeux restant fixés sur la petite bouille affamée qui glougloutait comme jamais.
    
    Au bout de dix minutes, elle ralentit sa tétée avant de fermer les yeux, exténuée par son labeur de mangeur glouton. Son corps fut tout à coup moins tonique, plus relâché. De justesse, je retins la tête qui partit en arrière. Je profitai alors de la garder bien serrée contre mon cou, mon nez dans ses cheveux. J’adorai cette sensation de chaleur, cette odeur de peau douce de bébé et de lait mélangés. J’aurais pu rester comme cela pendant des heures, sans rien faire, sans bouger, juste dans l’oubli des turpitudes de la semaine.
    
    Elle remua un peu, gigotant pour faire remonter la bulle d’air de son estomac, puis elle éructa avant de se rendormir. Je savais à ce moment-là qu’elle replongerait pendant au moins une heure.
    
    Je la plaçais alors prudemment dans son transat, et l’attachai pour qu’elle ne tombe pas par mégarde. Il fallait qu’elle ne dorme pas allongée non plus. Mais cette position, depuis des mois, elle l’adorait, et elle était plus efficace pour sa digestion d’après son pédiatre qui nous l’avait ...
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