1. L'ermite (1)


    Datte: 07/01/2019, Catégories: Hétéro Auteur: Swingme, Source: Xstory

    Il est toujours un peu pénible de faire seule ce genre de trajet en voiture, mais j’avais promis à Julie d’aller la voir à Toulouse, et la réservation des vols depuis Paris n’était pas compatible avec mes propres contraintes. Qu’importe, le rugissement de Titine (ma voiture) dans les cols du Massif Central m’accompagnait, alors que je m’égosillais sur du métal pour faire passer le temps.
    
    On m’avait conseillé un petit détour pittoresque, je sortis donc de l’autoroute pour l’occasion. Je naviguai au jugé, suivant les indications que l’on m’avait données, rien ne captant dans ce coin magnifique mais perdu. Tout allait pour le mieux en cette fin d’après-midi, jusqu’au drame… Il faisait trop sombre pour déterminer l’agresseur, et tout se passa en un instant, mais le résultat fut sans appel : Titine sur le bas-côté, moteur fumant, pare-chocs enfoncé, moi sonnée. L’animal effrayé et blessé s’était enfui, me laissant seule et perdue au milieu de nulle part…
    
    Il me fallut de longues minutes pour reprendre mes esprits après le choc. Ma réaction fut naturelle, saisir mon portable pour appeler du secours, mais vite douchée. Aucun réseau. Panique à bord. D’après mes estimations, le charmant village devait se trouver encore à dix-quinze kilomètres. Pas idéal ! Que faire ? Attendre qu’une bonne âme passe sur cette route déserte ? Hum peu prometteur. Je décidai plutôt de prendre le taureau par les cornes, me fis rapidement un sac avec l’indispensable et commençai ma randonnée vers ...
    ... l’espoir.
    
    La nuit tomba soudainement. L’averse aussi. Décidément, c’était parfait. Après une heure de marche, mon mental était sérieusement entamé. J’aurais donné père et mère pour une douche bien chaude, un thé et un lit. Aussi cette lumière sur la droite, au sommet de la colline, peut-être une maison, se transforma vite en lueur d’espoir dans mon esprit. Je quittai la route pour la suivre, le cœur battant. Le chemin était à peu près praticable, et bien que les arbres masquaient la propriété, j’évaluai la distance à un bon kilomètre. Ce fut au moins trois, mais enfin les contours de la masure émergèrent de l’obscurité. Sans me poser de questions, je frappai. Plusieurs fois. L’attente me parut interminable, avant qu’il ne daigne ouvrir sa porte.
    
    L’ermite. Le solitaire. Le taciturne. Méfiant, il observa le petit chien mouillé qui osait le déranger. Il sembla réfléchir, se décida enfin à me laisser un étroit passage, que je puisse au moins me mettre au sec. Épuisée, je tentai de balbutier quelques mots d’explications, auxquels il répondit par un vague geste en direction du téléphone fixe. Hébétée, je me dirigeai vers l’antiquité, joignis le numéro d’assistance de mon assurance. Pour apprendre que le dépannage n’aurait pas lieu avant le lendemain matin, mais qu’on me rembourserait la chambre d’hôtel. Génial.
    
    J’en profitai pour découvrir les lieux du regard. La pièce de vie était immense, et pourtant assez intime, meublée avec goût. La plus grande partie -le salon- donnait ...
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