Une gueule d'ange - Histoires de Sexe

Une gueule d'ange

Ce soir j’ai vraiment besoin de me changer les idées, alors aller voir une toile avec un pote, même minable (la toile, hein) me semble parfait. On s’est donné rendez-vous chez moi histoire de boire un coup et de papoter avant d’y aller.

Driing.

— Allô Tim ? Tu t’es perdu ?
— Oui, je suis sorti du métro et là je ne sais plus… J’ai essayé de mémoriser le plan dans ma tête, mais tu connais mon sens de l’orientation !

Bien sûr, j’ai envie d’éclater de rire. Bien sûr, je me retiens pour ne pas le vexer. Dessiner des créatures magiques dans des mondes fantastiques ça il sait faire, mais un bête plan de rues en deux dimensions, ça non.

— OK, tu as traversé le pont ?
— Oui, là je suis sur une espèce de place avec une fontaine.
— Parfait ! Tourne à droite, tu y es presque !

Je sors dans la rue pour aller à sa rencontre. Voilà Tim, grand et mince, pour ne pas dire maigre, avec une grosse tignasse de boucles blondes qui lui tombe sur la figure. Il cultive savamment un look de jeune littéraire dépressif. Enfin, j’espère pour lui que le côté dépressif n’est qu’un air qu’il se donne.

Joli ce foulard bleu, ça va bien avec ses yeux ! Bon les bijoux ésotériques assortis… c’est de son âge. Et puis ça colle bien avec sa passion pour les jeux de société. C’est d’ailleurs comme ça qu’on s’est rencontrés, au cours d’une soirée jeux. Et avec ma copine on s’était dit qu’il serait pas mal… avec dix ans de plus et une barbe. Tiens d’ailleurs, comment se fait-il que cette fille, ...

... qui ne supporte pas les poils sur elle-même, les apprécie sur les gars ?

— Tu vois, tu as trouvé ! C’était pas si compliqué !
— Ouais…

Pour une fois il est en avance, on a le temps de boire un verre avant d’aller à la séance du soir.

— Pfff, j’ai mal aux épaules, j’ai porté des sacs pleins de bouquins tout à l’heure.
— Quelle idée !
— Faut ce qu’il faut.
— Tu veux que j’essaye de te masser ?
— Moui, c’est pas de refus.

Je m’installe en tailleur sur le sol tandis que Tim s’assoit sur le canapé derrière moi et commence à me pétrir les épaules. Il se débrouille plutôt bien pour un débutant ! Il appuie au bon endroit, ni trop fort, ni trop peu. Souvent les gens ne mettent pas assez de force pour détendre les muscles. Ou pire, ils effleurent la surface de la peau et provoquent des chatouilles.

— Ça fait vraiment du bien, continue !
— Ah oui ? Tant mieux.
— Tu es sûr que tu n’as jamais massé ? Tu devrais penser à te reconvertir.
— Haha, très drôle !

Ses mains glissent le long de ma nuque. Il pose un coude dans ce qu’on appelle le « creux du sac à dos » et appuie vigoureusement en décrivant de petits cercles.

— Tu me dis si ça fait mal.
— Non c’est super, ça détend. Mais toi, si tu en as marre tu arrêtes ! Parce que moi j’adore les massages…
— Je jette un coup d’œil à la pendule. Il faut surveiller l’heure quand même, sinon on va être en retard.
— C’est bon t’inquiète, les films ne commencent jamais à l’heure

Mes épaules se relâchent, ça fait un bien ...