1. Don du Ciel


    Datte: 28/12/2018, Catégories: Première fois Auteur: bysimulacre, Source: Literotica

    ... quelque chose s'enracina en moi. Ou est-ce moi qui s'enracinai en cette terre cruelle et magnifique? La brèche en moi avait-elle été colmatée?
    
    C'est une vision de désolation qui nous attendait quand nous atteignîmes le village. La nature avait tout dévasté. Des restes d'incendies brûlaient encore, des enfants pleuraient, certains adultes erraient sous le choc alors que d'autres s'affairaient déjà à nettoyer, à chercher les décombres. Tant de blessés. Lorsque je me suis retourné, elle n'était plus là. J'ai cru qu'elle était partie à la recherche des membres de sa famille, que je la retrouverais plus tard. Ces gens ayant besoin de soins et d'aide pour fouiller les débris, je me suis mis au travail. Je ne l'ai jamais revu. Jamais. J'ai interrogé les villageois, sans résultats. Ceux qui m'avaient vu arriver ont affirmé que j'étais seul. Je suis resté ici, dans ce village, parce qu'ils avaient besoin de moi d'abord, ensuite parce que ce lieu était mon seul lien avec elle, parce qu'elle m'avait conduit ici. Les jours, les semaines, les années ont passés et j'ai retrouvé parmi eux une vocation que je croyais avoir perdu. Je n'ai même jamais su son nom.
    
    ***
    
    Un sourire chargé de tristesse se peignit sur le visage du vieillard. Il semblait épuisé, émergeant d'un combat qu'il se serait livré à lui-même. C'est pourtant un regard animé de défiance qu'il posa sur le jeune prêtre qui avait osé l'écouter sans l'interrompre.
    
    " Quelle pénitence m'infligerez-vous pour ce péché ...
    ... charnel? "
    
    Le jeune prêtre hésita, troublé, ému, ne sachant si cette femme avait été la rédemption ou la perte de ce vieillard. C'est elle qui l'avait conduit ici, dans cette paroisse où il avait fait tant de bien pendant la majeure partie de son existence. Une seule nuit peut-elle mener un homme à sa perte? Dans un geste faussement indifférent, il haussa les épaules avant de demander :
    
    " Quand avez-vous compris que vous ne la retrouveriez pas? "
    
    " Je n'ai jamais perdu espoir. Tous les jours je jette un regard sur la route, m'attendant presque à la voir apparaître chargée de sa besace et de son instrument, ses cheveux flottant au vent, un petit air espiègle et déterminé sur le visage. "
    
    " Alors, c'est là votre pénitence mon père de porter en vous, toujours, cet espoir déçu dont la flamme ne s'éteint pas, de ne point savoir et toujours attendre."
    
    Le jeune prêtre se passa une main dans les cheveux avant d'ajouter :
    
    " Je vais écrire à l'évêque. Lui dire que vous refusez les soins, que vous restez ici, avec moi."
    
    Sur ce, le jeune prêtre se leva, mais pas avant d'avoir aperçu un sourire se dessiner sur le visage du vieillard. Avant de quitter la pièce il se retourna et lui dit :
    
    " Vous pouvez continuer à guetter la route mon père, jusqu'à votre dernier souffle. J'y veillerai. "
    
    *
    
    Note: Je tiens d'abord à remercier LadyCibelle qui a eu la gentillesse de réviser mon texte. J'aimerais également vous demander de prendre un instant pour voter et/ou m'envoyer ...