CHAPITRE 14 : Enfants
Datte: 17/12/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Cramache, Source: Hds
... impossible, tes parents sont en vie. Tu es en colère parce qu’on t’empêche de les voir, et tu es convaincu que tu finiras par connaitre la vérité. En même temps, une part de toi te souffle que tout est réel, et tu détestes cette voix, et ça amplifie ta rage. Tu as mal, tu as l’impression de mourir, que ton monde est détruit…
-Arrête, crie-t-il en se bouchant les oreilles, je veux pas entendre ça. Je suis pas en colère, et j’ai pas mal. Je suis un homme et les hommes ne pleurent pas.
-Non, tu es un adolescent en pleine crise. Samuel, plus tôt tu admettras la vérité, plus vite tu retrouveras une vie normale. Les règles de la maison, main-tenant. Le petit déjeuner est à huit heures, le déjeuner à midi, et le diner à sept heures. Pour l’instant, tu n’iras pas à l’école, pas de sortie sans prévenir, couvre-feu à vingt-et-une heure. La salle de bain est juste à côté. Lève-toi que je puisse te soigner.
J’ai prononcé ces derniers mots d’un ton autoritaire. Surement par réflexe, Samuel obéit et me suit jusqu’à la salle à manger. Sylvain a préparé la trousse de secours, Samuel s’assoit près de moi et me tend son poing. Je l’examine rapide-ment, la peau est déchirée sur les jointures qui saignent beaucoup. Je les net-toie à l’alcool et je bande sa main. Sylvain lui ramène une poche de glace, et s’assoit à son tour face à lui, le visage neutre. De mon côté, j’exprime toute ma compassion. Samuel a cessé de pleurer, il fixe Sylvain pour jauger sa réaction :
-Je suis Sylvain, ...
... Loïc a dû te parler des règles. Je vais ajouter autre chose. Ici, la violence est interdite, par contre, tu as le droit de t’exprimer verbalement, en évitant les insultes. On va laisser passer pour aujourd’hui, mais dorénavant, si tu veux taper quelque chose, il y a un sac pour ça dehors.
-T’es pas mon père, répond Samuel, t’as pas le droit de me donner des ordres.
-C’est vrai, continue Sylvain dangereusement calme, Loïc et moi, on n’est pas tes parents. Nous sommes ta famille d’accueil. Il y a deux possibilités, soit tu te comportes bien, et on vit heureux, soit tu joues au con, et tu finis en foyer, Loïc pourra te faire un topo sur le sujet. Personnellement, je veux que ça marche.
-Pour pas perdre votre agrément, ironise Samuel.
-Pour toi, dis-je. Samuel, on n’est pas là pour te faire souffrir ou te mal-traiter.
-Loïc a raison, on veut ton bonheur. Alors, voilà le deal, tu obéis, tu fais tes corvées, et en échange, on est cool. Fais une bêtise, et c’est la punition.
-D’accord, cède Samuel.
-Une dernière chose, conclus-je, évite les remarques homophobes, s’il te plait. Va ranger ta chambre, défait ton sac, tu pourras ensuite aller dans le jar-din.
-Merci, réplique-t-il. Je m’excuse encore pour le mur, je vais réparer. Sylvain, tu n’es pas mon père, mais tu parles comme lui. Je vais essayer de bien me comporter.
Samuel monte le pas lourd. Ce gamin joue assez bien la comédie, pas assez pour me berner. Je décide de garder l’œil sur lui, quelque chose me ...