1. L'Usurpatrice (1)


    Datte: 13/02/2018, Catégories: Divers, Auteur: Sharhajar, Source: Xstory

    Introduction
    
    Je n’ai jamais été vraiment très dominante – que ce soit dans mon quotidien ou dans ma vie sexuelle. Mais soyons clairs, ne blessons pas mon orgueil, je ne dis pas que je subis la vie. Je suis une battante, j’ai dû apprendre à faire mes preuves sans retour, au point de désormais être constamment à la recherche de reconnaissance. Mais écraser les autres pour avoir la vague impression que mon propre statut s’en voyait remonté n’a jamais été quelque chose de naturel pour moi. Je n’y prends aucun plaisir et surtout, je n’y ai aucune prédisposition.
    
    J’ai sûrement du charme, assurément même – je vivrais assez mal le fait de ne pouvoir compter que sur ma jeunesse et mon corps pour plaire. Mais je n’ai pas ce charisme dont transpirent les dominants et les manipulateurs, ces petites remarques à peine calculées, mais toujours marquantes. Si l’on devait me comparer, je dirais que s’ils sont hommes de l’ombre, tirant leurs ficelles sans jamais révéler leurs vrais visages ou intentions, je me rapproche plus de la bête dictatrice soviétique. Présenter un visage affable, et régner par une terreur quasi constante – imposer l’amour et la crainte plutôt que d’essayer de gagner le respect. Ce sont mes seules armes.
    
    Mais je m’égare.
    
    Le thème de mon histoire a pris le pas sur mes idées, je ne me suis même pas présentée. Est-ce vraiment nécessaire d’ailleurs ? Vous pourriez fantasmer, imaginer une Bimbo blonde derrière ce récit, m’identifier à votre fantasme, votre âme ...
    ... sœur qui se refuse à vous – voire votre sœur qui se refuse à vous. Mais l’orgueil semble être le fil conducteur de ma démarche, alors à l’instar de mes homologues soviets, je tiens à imposer mon portrait dans mon œuvre.
    
    Je m’appelle Hajar, la vingtaine, supposément Marocaine – il y a un franc écart entre ce qu’on me dit que je suis et ce que je sais être. Replaçons le contexte et ouvrons un peu nos cœurs au lieu de feindre l’autocritique depuis maintenant trois paragraphes. L’histoire qui suit a eu lieu peu de temps après mes 19 ans – moment charnière de ma courte vie. Sans rentrer dans les détails, les six dernières années de ma vie avaient été un véritable enfer. Une vie chouette en apparence : des parents relativement aisés, une petite amie de rêve, un certain succès auprès des deux sexes, une réussite scolaire qui n’était plus à prouver. Mais comme tous les paradis, cette vie était pavée de traumatismes tus, ignorés ou simplement enterrés. Seules échappatoires à ce gouffre, je gavais mon cerbère d’alcool, de cocaïne et de sexe pour fuir sa vigilance.
    
    Inutile de préciser que, qu’ils soient consommés par paires ou tous ensemble, ces trois vices font rarement bon ménage. Les empiler pour sortir des profondeurs m’avait semblé être la meilleure des idées, mais au final, leur poids n’avait fait qu’enfoncer le sol sous mes pieds. Mais, plus on chute, moins on voit le soleil, et plus on plonge dans l’obscurité, moins on se sent paradoxalement souffrir. La cocaïne devint alors ...
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