Frites, nuggets, sauce sanguine - Histoires de Sexe

Frites, nuggets, sauce sanguine

... ne devait pas avoir plus de vingt ans.

Ses grands yeux noirs étaient constamment en mouvement, ses lèvres charnues et son nez un peu long lui donnaient une beauté particulière et très attirante.

— C’est quoi, ton blaze ?
— Pardon ?
— Ton nom, crétin !
— Ben… Benjamin Bauer.
— Bauer ? Pff, tu parles d’un blaze, ma gueule.

Je ne comprenais pas vraiment ce qu’elle me racontait, et pour dire vrai, elle me faisait peur. Pourquoi l’avaient-ils mise avec moi ?

Elle se cala le dos au mur et contempla les murs froids qui nous entouraient.

— Une vraie suite, pas vrai ? Le luxe, mon gars ! J’ai connu pire, surtout sur Alpha Primo.
— Vous avez été sur Alpha Primo ?
— Et ouais.

J’étais ébahi. Alpha Primo était une petite planète découverte dix ans auparavant avec un écosystème un peu semblable à celui de ce qui restait de notre Terre.

Une petite centaine d’humains y avaient été, depuis sa découverte. Ce qui voulait dire que ma nouvelle copine était soit une astronaute, soit une fieffée menteuse. Je penchai plus pour la seconde option.

— Ma gueule, y a des cellules, là-bas. Ils m’ont enfermée avec les autochtones. Un vrai cauchemar plein de poussière et de cris.

Elle se secoua la tête et ses cheveux bouclés volèrent en tous sens.

— En tout cas, on était libre, là-bas. Ici, ma gueule, tu peux plus roter ou quoi que ce soit sans que ces saloperies viennent te coller une amende.

Bon, visiblement, cette nana était un moulin à paroles. Je désirais plus que ...

... tout que l’Agent vienne me sortir d’ici.

— Alors, Mister Indigestion, si tu me disais pourquoi t’es là, hmm ?
— Mais qu’est-ce que ça peut vous faire ? m’emportai-je. On dirait que vous êtes un personnage de série B !
— De quoi ?
— Ah oui, certainement que vous ne connaissez pas…

Soupirant, je m’assis au bord de ma couchette.

— Tu me sors une histoire d’indigestion et je suis censée croire que t’es ici, pour ça ?
— Je ne vous demande rien ! Juste de vous taire, ce qui doit être infaisable, pour vous.

Elle me désigna du doigt.

— Ma gueule, tu vois, c’est pour ça qu’on court à notre perte. Les humains ne se parlent plus entre eux. RelationCorp a tout le pouvoir, même celui de la communication. T’as capté quand on s’est fait prendre la balle ?
— Quelle balle ? Et arrêtez de m’appeler « Ma Gueule ! » Ça ne veut rien dire !

Elle rit.

— T’as pas capté, hmm ?
— Non, pas vraiment.
— C’est bien ça le problème.

Elle se redressa et fit craquer ses genoux en grimaçant.

— J’suis rouillée, dingue…

La jeune femme se planta devant moi et mon pouls s’emballa. Vêtue d’un pantalon blanc et d’un t-shirt laissant deviner l’échancrure de son soutien-gorge, son corps semblait plein, pulpeux, promesse de formes généreuses…

— Alors, j’vais te la faire courte, ma gueule.

Elle se pencha en avant, dégagea ses cheveux sur le côté de son crâne et me montra son oreille. Je ravalai un cri. Oreille, ce n’était pas le mot exact. Déchiquetée et à moitié arrachée, une ...