Galatée
Datte: 18/11/2018,
Catégories:
fh,
hplusag,
inconnu,
telnet,
amour,
volupté,
nopéné,
fantastiqu,
Auteur: Nono, Source: Revebebe
... oublié combien une main, une bouche peuvent éveiller chaque centimètre de peau. Sculpteuse à mains nues, Galatée fait renaître son corps, rappelant à cet homme ébahi que c’était peut-être cela le premier art.
Il se souvient qu’il avait eu l’idée de modeler son âme. Il s’aperçoit que c’eût été folie, il n’aurait pu imaginer cela. C’est elle qui modèle son corps et son âme, qui dessine l’enveloppe et la lettre. Chaque geste de Galatée est pour esquisser son biceps, étreindre ses hanches, et lui faire croire qu’il est peut-être beau, lui qui s’exècre devant la glace.
Sans qu’il comprenne par quel mystère, Galatée porte en elle l’essence de l’art. Celle de faire naître le beau là où il n’était pas.« Ars adeo latet arte sua »… l’art se dissimule à force d’art. En se cachant des années derrière son rôle de sculpteur, lui aussi masquait la plus belle part de lui-même. Vaincu, il se laisse apprendre les émotions que lui rend son corps sous les coups de maillet imaginaires que sont les doigts de Galatée.
Et de ses lèvres, de ses cuisses, de ses seins, Galatée épouse le corps de l’homme, figé comme une statue mais vibrant comme jamais.
Parfois rude caresse, parfois tendre incision, elle le façonne, au point que par moments, leurs corps ne semblent plus faire qu’un.
Une fois de plus, cette pensée en éveille d’autres en lui, plus impérieuses, au moment où Galatée, seconde d’inattention, libère son bras.
Il reprend doucement le dessus, retrouvant des gestes qui lui ...
... semblent plus virils. Il remarque bien le front qui s’est plissé, mais l’homme est homme, son ventre en est presque douloureux. Au moins lui rendre hommage, se dit-il en lui-même, comme pour s’excuser.
Galatée s’est laissée allonger sur la couche, mais ne se rend pas toute. Elle maintient en douceur les bras virils, amenant l’homme à réapprendre de lui-même lenteur et patience. Il se surprend à accepter ce rythme qu’il ne connaissait plus, à lui aussi caresser les endroits du corps qu’il avait depuis longtemps oubliés, même lorsqu’il était en couple…
Lui aussi devient artiste débutant sur cette œuvre qu’il croyait parfaite. Elle est superbe, il en est certain, mais elle ne sera parfaite que lorsque ses doigts et son cœur l’auront aimé sur chaque grain de sa peau. Et ce n’est pas supplice, tant il s’étonne à chaque seconde de retrouver à chaque détour de muscles les formes qu’il a une à une inventées.
Dieu que ses seins sont beaux, mais ce n’est rien encore, car ce n’est que sous ses doigts attentionnés qu’ils prennent enfin vie !
Par moments, il se dit qu’il y passera la nuit, ce ne sera pas trop pour sublimer enfin l’art et l’œuvre réunis dans un seul corps. Puis l’instant d’après, le bouillonnement intérieur semble l’arracher à ses pensées. Cruel dilemme. Il découvre le sublime, le spirituel, mais sa bouche l’entraîne vers le concret, la chair et la fine toison que la lueur des bougies fait danser. Ne va-t-il pas tout gâcher ?
Il regarde la bouteille vide de Vino ...