Jérém & Nico SAISON 1 Episode final
Datte: 17/11/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... c’est le souvenir de cette nuit à l’Esmé où j’avais failli partir avec Martin… le souvenir de son sketch, lorsqu’il était venu me chercher, me sommant de rentrer avec lui ; obtenant, au final, que je rentre avec lui.
Un souvenir qui se met tout seul en parallèle avec cette nuit, où je suis en train de repartir avec ce même gars, sous ses yeux. Certes, Jérém ne m’a pas demandé de repartir avec lui, cette nuit : d’une part parce qu’il n’a plus de chez lui ; et d’autre part, parce qu’il m’a quitté il y a deux semaines.
Jérém se tait, comme s’il essayait de contenir sa colère, des mots qu’il regretterait ; il se tait, comme pour garder les apparences, comme s’il renonçait à « jouer » pour ne pas devoir affronter la « défaite ».
Ses traits sont figés, par la fatigue et la frustration, ses lèvres sont serrées, parcourues par un frémissement incontrôlable ; sa pomme d’Adam bondit sous l’effet d’une déglutition fiévreuse ; son regard perdu, rempli de désolation, est le même que j’ai vu dans ses yeux la dernière fois qu’il est venu chez moi, après qu’il m’ait quitté, alors que j’essayais de le retenir ; et tout comme à ce moment-là, ce que je vois à cet instant, ce n’est plus le connard ivre mort qui vient de me balancer des horreurs, mais un garçon très, très, très malheureux. Et ça me fend le cœur.
Mais quoi faire pour annuler cette distance infinie qu’il a voulu, lui et lui seul, mettre entre nous ?
Je me suis battu pour cela, depuis des mois ; j’ai tout essayé ...
... pour me rapprocher de lui. Et là, force est de constater mon échec. Oui, c’est un gâchis inouï ; mais puisqu’il ne veut rien entendre, à quoi bon dépenser encore de l’énergie pour me battre, alors que je n’ai plus l’énergie de me battre.
Ce qui ne m’empêche pas de me demander si, au cas où il avait encore eu un « chez lui », il aurait à nouveau essayé de m’arracher de Martin… l’espoir de retrouver un amour malheureux est si dur à juguler…
Pendant que Martin et moi reprenons notre chemin, je sens son regard s’accrocher lourdement à moi, happer mon énergie, entraver le mouvement de mes jambes : le fait est que mon corps est en train de s’éloigner DE lui, mais que mon cœur est resté AVEC lui. Mes pas sont de plus en plus pénibles au fur et à mesure que je tente de m’éloigner, comme si un fil invisible était en train de se tendre entre ces deux bouts de moi : jusqu’où ce fil va se tendre avant de casser ? Ou bien, lequel des deux bouts sera de taille à ramener l’autre auprès de lui, lorsque le fil trop tendu donnera un grand coup de ressort ?
Nous n’avons pas fait 10 pas, que j’entends sa voix résonner dans l’allée :
« Nico… ».
Je me fige sur place, le dos secoué par mille frissons, la tête comme un manège, la respiration coupée : au fond de moi, j’espère, je veux, je crie pour qu’il puisse changer d’attitude du tout au tout, qu’il essaie de me rattraper comme lors de cette fameuse nuit ; qu’il me laisse enfin comprendre que, malgré tout, je suis quelqu’un de spécial ...