Appât pas à pas - Histoires de Sexe

Appât pas à pas

... volonté d’apprendre, mais rien de plus
— Mais vous n’avez pas pu résister quand elle a décidé de vous séduire, c’est ça ?
— Exactement. Figurez-vous que certains à la brigade, et vous en particulier, adorent me faire une réputation sulfureuse. Je suis, paraît-il, un expert sur toutes les perversités existantes… Comme c’est une fille à l’esprit ouvert, elle, cela a excité sa curiosité, et elle a voulu vérifier par elle-même…

Marc exagérait franchement, mais le sujet était sensible pour lui, et il était en colère.

— Quand le capitaine l’apprendra, vous allez avoir des ennuis.
— Le capitaine est au courant, nous en avons parlé. Je lui ai dit que si la situation conduisait au moindre problème dans mon travail, je démissionnerais. Il a réfléchi, et décidé que c’était acceptable. Une seule règle : pas d’impact sur le service.

Mathilde se mordit la lèvre. Si Marc avait été un gendarme, le capitaine l’aurait fait muter aux îles Kerguelen. Ce traitement de faveur d’un employé civil était désolant mais par ailleurs elle savait que la situation offrait peu de prises. Fanny était jeune, mais majeure. Au mieux, on pouvait ne pas renouveler le contrat de Marc. Au fait…

— Et il n’a pas fait muter Fanny ?
— C’est une situation qui m’aurait vraiment perturbé dans mon travail. J’aurais donc dû démissionner pour tenir mon engagement.

Mathilde était rouge de colère. Marc avait fait un chantage pour imposer un état de fait.

— Et c’est pour cela que vous n’avez pas insisté ...

... hier pour l’utiliser à ma place ? J’étais persuadée qu’il serait très difficile de vous convaincre, mais pas du tout.

Marc hésita. Il y avait pensé, s’était rendu compte du conflit d’intérêt. Mais ce n’était pas la raison principale. Fanny avait déjà servi d’appât, même si c’était dans des circonstances plus simples et faciles à contrôler.

— Je me suis surtout rappelé la consigne très précise du capitaine. Il a insisté sur le fait que vous seule seriez capable de cette mission.

Mathilde haussa les épaules, méprisante. Marc en rajouta une couche.

— Pourquoi cela vous pose-t-il un tel problème ? Toute la brigade est au courant, et ils vivent très bien avec…

Cette fois, il eut l’impression que l’explosion était proche. Mais tout à coup il vit deux larmes surgir, et Mathilde détourna vivement la tête pour qu’il ne les voie pas.

C’était affreusement embarrassant. Il l’avait provoquée à l’extrême, mais le coup de grâce avait été le rappel que sa relation avec ses subordonnés était si délicate que pas un ne lui aurait communiqué une information qui ne soit pas strictement de service. Rousseau ne l’avait pas fait non plus, ce qui surprenait Marc. Peut-être celui-ci ne se sentait-il pas très à l’aise avec la décision qu’il avait prise.

Sa bravade concernant Fanny était d’autant plus déplacée qu’il avait connu à ce sujet un après-midi très pénible dans le bureau du capitaine. Il avait eu beau prendre garde de le prévenir avant que quiconque s’en aperçoive, la partie ...