1. III - À corps perdu (16)


    Datte: 08/11/2018, Catégories: Divers, Auteur: flyx13, Source: Xstory

    J’habitais dans un petit patelin, à une centaine de kilomètres de Dublin, fille unique d’une mère écossaise et d’un père qui était Irlandais pur jus. Je dis « était » car il est décédé il y a quelques années de ça, peu avant que je ne parte pour la France. Il aimait d’ailleurs beaucoup ce pays, sa culture, son histoire, sa gastronomie, etc. Il a toujours insisté pour que j’apprenne le français et si, au départ, je n’étais pas très emballée, je me suis rapidement prise au jeu. Au final, ça m’a bien aidé d’avoir de bonnes bases quand je suis allée y vivre.
    
    Nous étions une famille très modeste, ma mère était aide à domicile et mon père travaillait dans les fermes autour de chez nous pour aider les agriculteurs. Quand il n’y avait pas de travail pour lui, on devait composer avec le modeste salaire de ma mère, ce qui pouvait être assez compliqué certains mois.
    
    Ma prime jeunesse a été assez monotone, pas beaucoup de loisirs, principalement par manque d’argent, du coup, je devais me contenter de ce que j’avais autour de chez moi, c’est-à-dire pas grand-chose, si ce n’est des vaches, des moutons et du vert à perte de vue.
    
    Quand j’ai commencé le secondaire, dans les premiers temps de mon adolescence, c’est devenu plus intéressant. L’établissement où j’étudiais se trouvait dans une ville plus grande et il accueillait beaucoup de jeunes comme moi qui venaient de pas mal de coins différents. De voir plein de nouvelles têtes, d’un côté, me faisait un peu peur – je n’étais ...
    ... presque jamais sorti de ma campagne, jusque-là – et de l’autre, m’enthousiasmait beaucoup.
    
    Avec les garçons, les bisous du bout des lèvres constituaient mon seul vécu, puis j’ai commencé à les regarder d’un autre œil, même si eux m’ignoraient superbement. Il faut dire qu’à l’époque, entre ma dégaine de garçon manqué et une forte propension à m’habiller comme un sac, je ne partais pas gagnante ! Du coup, j’attirais surtout les seconds couteaux et c’était loin d’être les mieux affûtés du tiroir…
    
    J’avais visualisé mille et une façons dont pourraient se passer mes premières expériences, mais aucune ne prenait en compte le stress et le blocage qui l’accompagnait. Au final, la réalité a été bien moins reluisante et tous mes essais se sont soldées par des échecs retentissants, mettant à mal la vision romancée que je m’en étais forgée. Je suis donc restée sage toute ma scolarité dans le secondaire quand, dans le même temps, mes copines prenaient une belle avance sur moi. Je ne le vivais pas forcément mal, même si c’est vrai que de les entendre en parler me donnait très envie de sauter le pas, mais je n’osais pas.
    
    C’est quand je suis allée à l’université que tout s’est décanté.
    
    Je ne savais pas trop ce que je voulais faire plus tard, la seule certitude que j’avais, c’est que j’étais plutôt bonne en math et que je me débrouillais pas mal lors des ateliers informatiques. Du coup, c’est assez naturellement que je me suis dirigée vers ce domaine, même s’il ne m’excitait pas plus que ...
«1234...12»