1. Arlequin


    Datte: 20/10/2018, Catégories: nonéro, théatre, délire, théâtre, Auteur: Jean de Sordon, Source: Revebebe

    LE ROI : Et cela continue. Encore et encore !(Il appelle) Sargo !
    
    Sargo apparaît et s’avance, multipliant les courbettes.
    
    SARGO : Votre Divine Majesté m’a-t-elle appelé ?
    
    LE ROI : Sacré incapable de fouille-merde, tu m’avais pourtant promis de me débarrasser de ce gêneur.
    
    SARGO (s’agenouillant): J’y travaille, Votre Grandeur.
    
    Le roi se lève. Sargo pose son front contre le sol.
    
    SARGO : Mais c’est difficile, Sire. Le monde est grand et Internet en fait tout le tour. Difficile de savoir où ce diable d’Arlequin peut se cacher : dans les Andes ou bien dans le bistrot du coin de la rue…
    
    LE ROI : Je veux qu’il meure, c’est pourtant clair, Sargo. Je veux qu’il meure. Ou à défaut, si tu es trop bête pour le trouver, je veux qu’il ne puisse plus accéder à Internet. Je ne veux plus que l’on chante partout cette chanson stupide.
    
    UNE VOIX OFF :
    
    LE ROI : Alors, il paraît qu’il suffit de chanter cette chanson pour que l’Arlequin vole à votre secours ? Quelle blague ! Il y a des imbéciles pour croire cela ? Je veux sa mort, Sargo, je ne veux plus entendre cette chanson. Lorsqu’un chapeau s’orne d’une fleur rouge, je veux que la tête en question roule dans le ruisseau. D’ailleurs, je vais signer sur l’heure une ordonnance dans ce sens. (Il élève la voix) Papier et Écritoire !
    
    Papier et Écritoire entrent au trot. Écritoire courbe le dos. Papier plaque une feuille contre son dos et se tient prêt à écrire sous la dictée du roi.
    
    LE ROI : Nous, roi des Pays de ...
    ... Tioc, Estragon et Muscade, ordonnons ce qui suit…
    
    Par la fenêtre ouverte, une voix se fait entendre :
    
    RAMONEUR(voix off) :
    
    LE ROI : Ah !
    
    Il se penche à la fenêtre.
    
    LE ROI : Toi, le ramoneur ! Pourquoi chantes-tu cette chanson stupide ? Réponds.
    
    RAMONEUR(voix off) : Parce que… parce que j’ai entendu quelqu’un la chanter et l’air me plaisait. Il faut bien passer le temps, tout seul là-haut.
    
    LE ROI : Et qui la chantait, cette chanson ?
    
    RAMONEUR : L’épicier du coin de la rue, où j’ai acheté un litre de vin rouge.
    
    LE ROI : Sargo !
    
    SARGO : À votre aveugle obéissance, Maître vénéré.
    
    LE ROI : Le ramoneur. L’épicier.
    
    Il fait du doigt le signe de couper le cou.
    
    SARGO : Nous pouvons interroger l’épicier pour savoir qui lui a appris la chanson.
    
    LE ROI : Oui, c’est cela. Interroge-le. Et surtout, arrête cette chanson. Quant au ramoneur… Non, non, voilà ce que nous allons faire : puisque la croyance populaire veut que cet Arlequin vole au secours de qui la chante, laissons donc le ramoneur la chanter tant qu’il voudra. En attendant de lui couper le cou dans trois jours, qu’il chante ! Donne-lui même un micro, diffuse ce qu’il chante à la radio, que tout le monde l’entende. Mieux : branche-le sur Internet. Ainsi, tout le monde saura dans trois jours que ce fichu Arlequin ne peut pas s’opposer au Roi.
    
    SARGO : Notre Sire, nous sommes votre humble et obéissant serviteur…
    
    Le roi saisit Sargo par le col.
    
    LE ROI : Si Arlequin apprend que j’ai ...
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