1. Ma chère Henriette


    Datte: 18/10/2018, Catégories: Humour Auteur: Patrick D, Source: Revebebe

    Une sodomie !
    
    Vous m’entendez bien Henriette ! Voilà la nouvelle toquade de Charles : une sodomie !
    
    Eh bien, figurez-vous ma chère que c’est à peu de choses près la même tête que vous que j’ai faite !
    
    Ça vous gêne que je vous en parle ? Comment cela, ça vous gêne ? Vraiment ? À qui voulez-vous que j’en parle sinon à vous ? Depuis combien d’années sommes-nous amies ? Trente-cinq ans ? Au bas mot, oui certainement. Vous êtes la seule personne à qui je puis m’ouvrir de ces choses-là, Henriette.
    
    Trente-cinq ans, si, si, souvenez-vous. Notre amitié date de ce jour où vous m’avez sollicitée pour votre association caritativeBlanches Colombes. Oh, ma chère Henriette, vous m’avez immédiatement plu. Cet investissement, ce dévouement dont vous faisiez preuve, et dont vous ne vous êtes pas départie d’ailleurs, m’avaient réellement bouleversée ! Se démener ainsi pour permettre à des jeunes filles miséreuses de s’offrir un mariage digne de ce nom… Vous aviez fait vibrer ma corde la plus sensible. Je peux bien vous l’avouer aujourd’hui.
    
    Allons, ne rougissez pas comme ça, c’est moi que vous allez mettre mal à l’aise, Henriette. Eh bien oui, cela fait trente-cinq ans maintenant ! Et deux ans plus tard, j’épousais Charles. Tout cela ne nous rajeunit pas…
    
    Vous souvenez-vous de mon mariage, Henriette ? Quel beau mariage, ce fut ! C’est vous qui m’aviez renseigné ce château, n’est-ce pas ? Quel endroit somptueux ! Et cette robe que je portais ! Quelle merveille ! Savez-vous ...
    ... qu’il m’arrive encore de regarder les photos de ce jour ? Parfois, le dimanche après-midi lorsque Charles travaille, je m’installe dans le boudoir, derrière la fenêtre, au soleil et j’ouvre mon album. Croyez-le ou non, Henriette, il m’arrive de verser une larme. Tout ce faste, tous ces gens présents, ma robe merveilleuse… ça me gonfle encore le cœur.
    
    Charles aussi était très élégant ? Euh, oui, aussi, bien entendu…
    
    Voilà plus de vingt ans que cette fantaisie de travailler le dimanche lui a pris. Depuis la mort de papa, pour tout vous dire. Il prétend qu’il règne un calme sans pareil à l’usine ce jour-là, qu’il peut enfin se concentrer sur ses nombreux dossiers, expédier l’administratif. Soit. Mais plus jamais il ne s’est rendu à l’office. Ça me chagrine un peu. Encore heureux que vous m’y accompagniez Henriette, sans cela, j’aurais du mal à soutenir le regard de monsieur le curé. Je suis convaincue d’y lire le reproche de cette absence de Charles…
    
    Ce travail l’accapare, c’est peu de le dire. La semaine, je ne le vois pratiquement pas, il dîne avec ses clients au moins trois soirs sur cinq. Le samedi, ilgolfe pour entretenir ses relations qu’il entraîne ensuite dans d’interminables discussions auclub-house ; et le dimanche, il se prépare comme s’il avait rendez-vous avec un ministre puis, dès dix heures, pfuit, il file comme s’il avait le diable aux fesses ! Je me demande d’ailleurs pourquoi il s’échine à se raser, à se pomponner de la sorte. Il n’y a que lui à l’usine ce ...
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