1. À quoi pensiez-vous ?


    Datte: 07/02/2018, Catégories: fh, volupté, cérébral, Auteur: Blooch, Source: Revebebe

    Lorsqu’il est entré dans la salle de bains, elle était penchée au-dessus du lavabo et lui a jeté un regard par le biais du miroir. Vêtue d’une vague chemise de pyjama qui baîllait après la nuit, elle exhibait à la fois sa poitrine généreuse et son petit derrière.
    
    Dès que ces adjectifs anodins lui sont venus à l’esprit, il s’est dit qu’évoquer des dimensions, énumérer des actes sportivement répétés, aligner des chiffres, tout cela c’était faire œuvre de comptable et non de conteur, et que les comptables de l’amour sont des pornographes sans érotisme. Peut-être même des pornographes parce qu’ils n’accèdent pas à l’érotisme.
    
    Elle n’avait pas des fesses et des seins comme ceci ou comme cela. Pas question de décrire des formes de pommes, de poires ou d’autres fruits juteux. Pas question d’aligner des centimètres, des diamètres, de sordides indications sur la taille du soutien-gorge ou de la culotte. Non, elle avait ce qui faisait d’elle une femme et c’était un immense bonheur que de s’en imprégner, une sorte de paradis quotidien. Il se souvenait d’un roman de Philip Roth, « Portnoy et son complexe » où l’un des personnages prend conscience, à l’adolescence, qu’elles ont toutes « ça » entre les jambes, toutes les filles et les femmes qu’il croisait dans la rue, et que c’était véritablement un immense bonheur pour toutes les années qu’il avait devant lui.
    
    La contournant pour aller vers la douche, il lui a familièrement flatté les fesses au passage, en un geste dont le ...
    ... contenu un peu maquignon n’était qu’ironie mutine. Répondant sur le même ton en quelque sorte, elle a remué la croupe, un peu comme les chattes qui, lorsque vous leur caressez le dos, vous propulsent le croupion sous la main. Maquignon, chattes, croupion : il était en train de mélanger son bestiaire ; c’est que le cerveau perdait pied, si l’on ose dire, et que la bête prenait le pas sur l’homme.
    
    C’est d’un doigt léger qu’il a effleuré la vulve.
    
    Il se disait parfois les mots alors même qu’il agissait. Et, forcément, c’était des mots. Contrairement aux objets, ils se chargeaient de sens dès qu’on y touchait. On pouvait dire toutes sortes de mots. On était dans la gaminerie, le salace ou le clinique. Ou bien on les refusait tous et on avait recours à des images, forcément éculées ou ridicules, pas le choix. Bref, on était enfermé dans la culture sans quoi tout se résumait à perpétuer l’espèce et ne valait donc pas le moindre commentaire.
    
    Elle a pris appui sur ses coudes et s’est offerte au geste ainsi esquissé, appelant même sa poursuite insistante. Elle le regardait toujours dans le miroir, mais le sourire était autre. Moins d’espièglerie coquine, moins de camaraderie érotique. Plus de trouble. Comme si les lèvres prenaient déjà le pli du plaisir.
    
    La main entière est venue la saisir, englobant tout le paysage offert, insinuant un doigt ici sans insister, l’autre là pour une simple pression, jouant avec la toison aimée. Et il s’est souvenu de ces objets sexuels féminins ...
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