1. Fenella


    Datte: 17/10/2018, Catégories: f, Voyeur / Exhib / Nudisme conte, Auteur: Macapi, Source: Revebebe

    Elle marche vers la falaise, superbe dans sa grande cape noire qui la couvre entièrement. Même sa tête est recouverte d’un capuchon. Si j’avais ignoré le sexe de cette créature, le seul balancement de ses hanches à travers le lourd tissu me l’aurait indiqué.
    
    Si jeune, d’apparence virginale, peut-être d’ailleurs est-elle toujours pure. Personne au village ne lui connaît d’amoureux, mais Fenella est si inaccessible qu’aucun pêcheur n’a jamais pu l’approcher. Elle semble parfois venir d’un autre monde. Elle vit seule dans la maison du haut de la colline, entourée de ses chèvres et de son petit potager. Jamais elle ne va au marché, ni aux fêtes des environs.
    
    Ce soir-là, l’orage gronde au loin. Malgré tout, la pleine lune se laisse encore apercevoir au travers des nuages qui commencent à s’accumuler. Les hautes falaises résonnent du bruit des vagues qui se déchaînent déjà. La route se termine et, quelques mètres plus loin, la belle Fenella se dresse contre le vent qui se lève. Un rayon de lune l’enveloppe d’une lumière étrange que sa cape ne semble pas pouvoir capter.
    
    Quelques gouttes commencent à tomber et je me recule un peu plus dans l’amoncèlement de rochers qui me sert d’observatoire. Le hasard a guidé mes pas vers ce lieu souvent désert. J’avais besoin de faire le point après la mort de mon compagnon de toujours, un grand chien qui a vécu pleinement sa vie, courant à loisir à travers ces contrées toujours surprenantes.
    
    C’est maintenant une averse froide et ...
    ... humide qui arrose la terre mêlée d’herbe et de roches. On n’entend que le rythme régulier de l’eau qui tombe. Les vagues sont devenues inaudibles. La lune s’est cachée. Un étranger se serait perdu dans ce pays aux multiples détours et la falaise est un danger bien réel qui a déjà fait plusieurs victimes.
    
    Fenella se tient au bord de cette falaise. Elle connaît le pays, elle sait exactement quels en sont les dangers. Elle devrait pourtant rentrer chez elle avant d’attraper la mort avec ses vêtements trempés. Immobile, elle semble contempler le vide. L’orage n’est pas loin. De sourds grondements résonnent à intervalles irréguliers.
    
    La jeune beauté se dresse encore plus si c’est possible. D’où je suis, elle me paraît si grande. Elle étend les bras de chaque côté et j’ai l’impression de voir une chauve-souris ou un grand papillon noir. Elle est si belle. Je ne vois pas son visage qui reste tourné vers le large, mais je l’imagine fort bien.
    
    Soudain, c’est le silence. Il n’y a plus de bruit, plus d’averse, plus d’orage, plus de vagues. Le temps semble s’être arrêté. Fenella est toujours plantée en haut de la butte qui surplombe le gouffre. Un rayon de lune s’est frayé un passage et l’éclaire alors que tout le reste du paysage demeure sombre et menaçant.
    
    Je ne suis pas très loin de l’endroit où elle se tient, quelques dizaines de mètres tout au plus. Après quelques minutes, j’arrive à discerner un son. On dirait un chant venu de nulle part. Il n’y a personne, sauf Fenella. ...
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