Une soirée décisive - Histoires de Sexe

Une soirée décisive

... je me sens fille depuis toujours, je crois… Je l’ai toujours su, au fond. En revanche, vers l’âge de 15 ans, j’ai eu une révélation d’une autre nature. Un soir, poussée par la curiosité et électrisée par mes émois sexuels naissants, je suis allée traîner sur les quais de la confluence, pas loin de la patinoire où se concentrait la prostitution cette année-là, et je fus immédiatement, simplement fascinée par ce que je voyais. Au hasard de ma déambulation, je me suis engagée dans une rue perpendiculaire aux quais qui était le secteur des travestis et transsexuelles, et là… je fus comme subjuguée par le ballet de ces pseudo-filles et pourtant ultra-sexy qui aimantaient les regards d’hommes passant au ralenti en voiture en quête d’amour transgressif et épicé, et… je fus immédiatement saisie par l’irrépressible envie d’être à leur place. Ce fantasme me hante depuis et m’a amenée progressivement à sortir dans la rue, habillée en fille sage d’abord, puis un peu plus sexy, puis à m’aventurer sur les quais… où tu m’as rencontrée.
— Je sais très bien que le fantasme de faire la pute est assez fréquent chez les travestis et transsexuelles et je comprendrais à la rigueur assez bien que tu veuilles l’assouvir occasionnellement ; mais de là à vouloir en faire ta vie, ce n’est vraiment pas la même chose, Alyssa !
— C’est pourtant mon choix. Je t’assure que personne ne me pousse à cela. Marco m’a seulement donné une opportunité. Je pouvais la refuser, mais en fait j’ai trop envie ...

... d’essayer, c’est aussi simple que cela.
— Écoute, Alyssa ! J’en ai assez entendu. Je suis convaincu qu’on ne peut pas bâtir sa vie sur pareil fantasme sexuel, aussi fort soit-il ! Réfléchis bien à ton choix, car tu vas devoir assumer ce genre de vie sans moi, je ne suis pas volontaire pour te regarder t’autodétruire. Si tu changes d’avis, ma porte reste ouverte et je continuerai à t’aider, sinon tu devras sortir de ma vie et tu ne pourras pas continuer à travailler à la boîte de nuit chez Marco. J’ai eu une petite conversation avec lui qui l’a dissuadé de t’employer pour quelque service que ce soit, si tu persistes dans ton choix. Figure-toi qu’il est en dette vis-à-vis de moi et qu’il ne peut rien me refuser ! Alors, quelle est ta décision ?
— Rudy ! Je suis désolée, mais je veux être honnête avec toi. En effet, il s’avère que je ne peux vraiment rien te promettre. Je veux au moins faire un essai car cette idée me fascine depuis trop longtemps. J’ai franchi le pas ce soir ; j’en ressors plutôt confortée, aussi je ne renoncerai pas maintenant. Encore une fois, je crois que c’est ma nature ; j’ai conscience cependant que je ne peux pas te l’imposer.
— OK ! Barre-toi maintenant ! Je te ferai parvenir tes affaires à ton nouveau domicile, ordonna Rudy sur un ton triste et résigné.

Quelques minutes plus tard, je sortis par la porte de service sur le parking ; il était environ minuit. J’étais à la fois bouleversée par la rupture avec Rudy, en plein désarroi face à ma situation ...