1. Pour ou contre ?


    Datte: 09/10/2018, Catégories: fh, bizarre, laid(e)s, amour, exercice, délire, Humour fantastiqu, Auteur: Ldcc, Source: Revebebe

    ... tatencules, tu ne me poseras plus la question.
    — Non seulement tu es laide, mais de plus tu es vulgaire. Au fait, j’y pense : à tout hasard, qu’aurais-tu à m’offrir si d’aventure j’arrêtais ça ?
    — Brod’ avait prévu cette question, digne d’un esprit tordu et pervers comme le tien. Il m’a donné des instructions précises. Regarde !
    
    Et l’immonde créature se transforme instantanément. J’en reste émerveillé, pantois. Une admirable fille nue s’offre à mes yeux, une main cachant sa prairie, l’autre sa poitrine : Vénus sortant du gazon. Je n’avais jamais vu de femme aussi belle. Plus de puanteur, mais un subtil parfum de cannelle et de vanille. Ma rose trémière perce le plafond des cieux, tous bourgeons ouverts.
    
    — T’es sérieuse ? C’est ça, la récompense ? Je p…
    — Oui, tu peux… Qu’attends-tu ? Tout de suite si tu veux !
    
    Elle vient se coller contre moi et passe ses bras autour de mon cou. Ses lèvres se posent sur les miennes. Je ne sais alors si je glisse vers les Délices de l’Enfer ou monte vers l’Olympe des Félicités. Oubliées, mes propositions dont l’encre n’a même pas encore séché ; oublié, le site : place à sa rime féminine.
    
    Nous faisons l’amour pendant des heures, à même le vert gazon. Je renonce à décrire ; ce serait trahir. Nous coïtons jusque tard sous les étoiles complices et bienveillantes lorsque, brusquement, un souffle glacé issu de la nuit nous enveloppe et elle disparaît de mes bras. Je mets plusieurs secondes à réaliser sa soudaine absence. Paniqué, ...
    ... bien qu’ayant fait ça pendant des heures, j’appelle en vain :
    
    — Chtuluha… Chtuluha… Où es-tu ? Reviens !
    
    Rien ! Après un tel bonheur, rien qu’un vide énorme et cruel qui me déchire les entrailles ! Un insupportable sentiment de frustration m’envahit alors. Je retourne à l’intérieur de la maison, la tête basse et le drapeau en berne. Je m’affale sur mon lit et sombre dans un sommeil de plombier pour tenter d’oublier.
    
    Au réveil, je n’ai rien oublié ; toujours le vide, et toujours cette immense frustration : pourquoi est-elle partie si vite, sans même me prévenir, sans me dire le moindre au revoir ? La reverrai-je jamais ?
    
    En sortant de la douche, mon regard accroche mes travaux de la veille. Mon courroux éclate. Ah, c’est comme ça ? Eh bien, leurs menaces, ils peuvent s’en faire une coloscopie. Et si la créature revient, avec son odeur et ses tatencules, je la propulse en candidate pour la primaire de la droite.
    
    Mais sans doute faudrait-il d’abord que je prenne contact avec Brod par téléphone ?
    
    Stop : mauvaise idée ! À cette heure-ci, il dort. Il ne fonctionne que la nuit et au vice cuit. Essayons d’abord de rappeler Chtuluha. Sait-on jamais ?
    
    Je hurle son nom, une fois, deux fois, trois fois, quatre fois et…
    
    … et miracle !
    
    Mon ange se dessine sur le mur du salon à côté de la photo du lac chéri de Charline, vous savez, celui qui est presque aussi beau que le lac du Coucou près de Grandfontaine.
    
    Mon Dieu, qu’elle est belle, ma Chtuluha ! J’en reste ...