Chienne de vie
Datte: 02/10/2018,
Catégories:
nonéro,
délire,
Humour
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
D’aussi loin que j’me souvienne, j’ai toujours connu cette famille. Oh, bien sûr, ça fait longtemps que j’ai pigé que j’étais « pas comme eux ». Quelque part, j’ai toujours su que ça pouvait pas être mes vrais parents.
C’est en épiant leurs conversations que j’ai fini par apprendre la vérité. À l’époque, j’étais pas plus haut que trois pommes. C’est incroyable ce que les « grands » sont stupides. Ils s’imaginent peut-être qu’on comprend que dalle à ce qu’ils racontent, pass’qu’on est petit ? Y suffit d’être là, à faire semblant de roupiller, pour qu’ils commencent à dégoiser sans se méfier de rien.
C’est comme ça que j’ai appris que j’venais de la rue… Y paraît qu’on m’a trouvé sur un terrain vague, du côté des mauvais quartiers. J’errais là, sans que ça gêne qui que ce soit, couvert de merde, de plaies et de bosses. Ensuite, j’ai atterri dans un refuge pour déshérités. Et puis ce couple entre deux âges m’a recueilli.
Ça m’a fait un sacré choc d’apprendre que j’ai vu le jour dans ce coin pourri ! J’sais pas qui sont mes géniteurs, et j’le saurai sûrement jamais. Y doivent encore vivre là, quelque part dans ce bidonville. En tout cas, j’aimerais leur dire, à ces enfoirés, que j’leur garde un chien de ma chienne…
Avec des débuts pareils dans la vie, faut pas s’étonner qu’à présent j’sois hargneux, mauvais comme une teigne. J’ai « la rage », comme on dit. J’m’entends avec personne, j’ai pas d’copains. À part mes parents adoptifs, y a pas grand monde qu’arrive à me ...
... faire filer droit.
Bon, c’est vrai qu’au départ, j’leur en ai aussi fait baver, à c’couple.
Surtout au type, d’ailleurs. Un vrai connard, sous ses airs sympa. J’crois qu’lui, y m’a vraiment jamais accepté. D’après ce que j’ai compris, il était pas trop pour, au départ. C’est surtout elle qu’a insisté pour me recueillir. C’était pas son truc, à lui, l’adoption, les familles d’accueil, tout ça… Et il a su me le faire sentir ! Dès qu’elle avait le dos tourné, y s’gênait pas pour me tourner des mandales à la moindre connerie. Les premiers temps, y paraît même que j’ai essayé de fuguer plusieurs fois… M’étonne pas !
J’oublierai jamais ce qu’il a dit, un jour tranquille de juin, quand j’étais encore tout minot. Je jouais sous la table du salon. Ni lui, ni elle d’ailleurs, n’avaient remarqué qu’j’étais là.
— On n’en tirera jamais rien de bon, crois-moi. Ça restera toujours une racaille, un vaurien hostile, qu’il lui avait dit.
— René, arrête ! T’as pas vu comme il nous aime ? Je trouve que Ralf est tellement attachant…
— Il changera plus. On aura que des problèmes avec lui.
— C’est pas sa faute, tu sais… c’est tellement traumatisant, ce qu’il a vécu !
— Aaaah, l’adoption ! Jamais, j’aurais dû t’écouter ! Les « pièces rapportées », ça fait qu’empirer, avec l’âge…
Ralf, c’est moi.
Ils ont pas pu trouver plus stupide, comme prénom… Moi, j’aurais préféré m’appeler Mouloud. Ça, ça en jette ! Mais bon, avec le temps, je m’suis habitué… Remarque, c’est pas pire qu’le ...