Aujourd'hui
Datte: 29/09/2018,
Catégories:
nonéro,
Auteur: Nicolas, Source: Revebebe
... d’une nuit de sommeil, n’ayant pas réussi à digérer le film de la veille au soir, ou, au mieux, sortant à peine des bras de celui ou celle avec lequel on partage le toit, le pain, les joies et peines de la vie courante, et qu’un élan plus ou moins commun a jeté l’un contre l’autre juste avant d’être obligé de se lever. Dans cette cohorte vous croisez, et saluez parce que vous êtes bien élevé, votre voisin de palier ou de jardin, et vous ne souhaitez qu’une chose c’est qu’il (ou elle) n’ait pas une envie irrépressible de bavarder. Votre journal, ou votre livre vous attend. Ou encore vous allez vous octroyer, pour peu que vous trouviez une place assise, la demi- heure de sommeil qui vous fait cruellement défaut.
Et puis quelle conversation tenir au milieu de ce troupeau indifférent mais tellement à l’affût de ce qui lui permettrait de juger, se moquer, critiquer, mais surtout pas de comprendre ? Vous vous comportez donc en ours dérangé dans son hibernation, au milieu de vos frères ours semblablement dérangés au milieu de leur hibernation.
Votre voisin vous le croisez parfois sur le trottoir, lorsque vous descendez de votre voiture et que lui promène ce qui fut quelques années auparavant une charmante boule de poils, offerte à l’aîné de ses enfants (ou vice versa). Un bonjour poli à défaut d’être cordial ou simplement courtois, au mieux quelques considérations sur le temps pourri (trop sec ou trop humide) qui vous empêche l’un comme l’autre de « faire votre jardin comme ...
... vous le souhaiteriez », ou
encore, mais là c’est plus rare, quelques considérations économico-politiques sur le chômage, l’emploi des jeunes et des moins jeunes, ou encore la crise économique et le devenir des sans-abri. Bref des relations sociales banales et sans relief, très dans l’époque.
Parfois il arrive que vos enfants et ceux de vos voisins aient quelques activités en commun. Cela pourrait vous rapprocher. En général cela se traduit par des arrangements plus ou moins pratiques pour aller déposer ou ramener ces chères têtes blondes, brunes ou rousses au stade, au gymnase ou à l’école de musique. De toute façon un jour cela générera un conflit parce que vous (ou eux) aurez oublié, ou ne pourrez pas assurer le service habituel, remettant en cause ce fragile équilibre du « je te donne ce que tu me donnes. »
Je ne reviendrai pas sur la charmante boule de poils offerte à l’aîné des enfants qui a grandi, grossi, vieilli, (la boule de poil bien sûr), et qui est maintenant un chien adulte encore plus exigeant que l’enfant à qui il a été offert, en matière de soins, tendresse et caresses de toutes sortes. Ce chien qui ne comprend pas que vous l’abandonniez chaque matin, seul dans la maison, après une courte et rapide promenade hygiénique, face à une gamelle de croquettes et une autre d’eau fraîche, et qui des heures durant va hurler son cafard et sa détresse, lui qui ne rêve que de grands espaces et de couses folles dans les bois et n’a en réalité qu’un caniveau, deux ...