1. Aujourd'hui


    Datte: 29/09/2018, Catégories: nonéro, Auteur: Nicolas, Source: Revebebe

    La retraite approche. Je ne sais pas pourquoi, mais l’idée de raconter une histoire qui ressemble un peu à la mienne, ou au moins qui s’en inspire me travaille depuis quelque temps. Alors voilà… c’est le début. L’accouchement a été long, parfois douloureux, souvent plaisant, toujours dans le vrai pour ce qui est important.Dans ce qui est dit m’être arrivé, certaines choses l’ont été à d’autres, camarades d’études, amis, collègues de travail… mais auraient pu être mon expérience.Suite ou pas ? On verra en fonction de vos réactions !
    
    1 - Aujourd’hui
    
    Tout a commencé il y a plus de cinquante ans.
    
    Est-ce ma faute à moi si mes parents, trop occupés par leur vie professionnelle, m’avaient mis en pension dans ce collège de Seine et Marne, dont la spécialité était de s’occuper justement de ces enfants plus ou moins délaissés (pour de bonnes raisons, s’entend !) ? Je dois à la vérité de dire que je n’étais pas spécialement malheureux de cette situation. Étais-je déjà adulte avant l’âge, et avais-je déjà compris que les adultes ne font pas toujours ce qu’ils veulent ? Ou plus vraisemblablement n’étais-je pas plutôt de cette race de solitaires qui tout en s’accommodant très bien de la vie en groupe, préfèrent le calme et la tranquille compagnie des livres et de la nature ? Mais quand je dis la nature, il faut entendre la nature minérale et végétale, les animaux étant bien souvent comme les hommes, égoïstes et incapables de se comporter comme on pourrait l’attendre d’eux.
    
    De ...
    ... ces premières années provinciales, je n’ai gardé que des souvenirs plus ou moins précis, ni très bons, ni très mauvais. Ils sont comme ces scories qui encombrent les mémoires, aussi bien que les greniers et les caves, dont on ne se débarrasse jamais, qui ne servent jamais à rien. Aucune des situations vécues alors ne vaut d’être racontée lors des soirées mondaines car elles ne sont pas glorieuses. Elles ne valent pas non plus grand-chose à l’heure des confidences entre amis ou amants. Pas plus que les horaires des trains ne sont capables de traduire la beauté d’un voyage, ces souvenirs et anecdotes ne peuvent faire comprendre aux autres ce que fut votre enfance.
    
    Pourtant, ce sont ces moments, heureux ou malheureux, qui font de celui qui les vit un homme ou une femme différent de son voisin. Ce sont ces moments qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui, ni bon ni mauvais, voisin supportable, père accepté, amant aimé.
    
    Concernant les voisins, le problème sera vite réglé, je vis dans ce que l’on appelle une cité-dortoir. Et même si c’est une ville bourgeoise, elle n’en demeure pas moins dortoir. Aucune activité locale diurne possible, puisque comme chacun des cinq mille habitants de ce qui était il y a encore vingt ans un petit village de la Beauce, je prends chaque matin le train ou ma voiture pour aller grossir le flot de ceux qui en rangs serrés vont quotidiennement engorger la capitale, longue file de visages et de corps plus ou moins bien réveillés, pleins encore ...
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