1. Cheat-Code (1)


    Datte: 18/09/2018, Catégories: Divers, Auteur: Clover, Source: Xstory

    ... me toisait, un délicieux sourire cruel aux lèvres. Malheureusement, le poing de son pote baraqué me cueillit dans le bide et gâcha mes velléités admiratives. Un second coup, directement sous le menton cette fois, fit valser mes lunettes dans un bruit de verre brisé. J’eus le temps de voir plusieurs galaxies d’étoiles avant de tomber à la renverse.
    
    Alors que je gisais courageusement au sol, la demoiselle se pencha au-dessus de moi, sans doute pour me réconforter en m’offrant la vue de ses tatouages et de son débardeur à l’effigie de je ne sais qu’elle groupe de death metal que son imposante poitrine étirait délicieusement. Le fait que je la remarque en dépit de mon absence de lunettes était tout à son honneur. Hélas, cela ne suffit pas à détourner mon attention du coup de savate dans les reins qu’elle m’envoya. Puis un autre, et encore un autre. Son camarade l’accompagna avec encore moins de délicatesse pour mes côtes. Perclus de douleurs, la mâchoire serrée, j’appliquais alors la fameuse technique de combat dite de « je fous mes bras devant le visage et je serre les fesses le temps que ça passe », sans grand succès.
    
    — Il a eu son compte, lâcha-t-elle de très longues secondes plus tard. Viens, ça bouge, on se casse.
    
    Après un dernier coup de latte d’adieu, la demoiselle et son compère se carapatèrent. Comme le voulait la grande tradition urbaine, strictement aucun badaud ne s’était arrêté pour voler à mon secours. Tout au plus, récoltais-je les grognements de quelques ...
    ... mécontents indisposés par le fait de devoir effectuer un détour pour ne pas salir leurs chaussures avec ma face.
    
    Je me redressais, mes boyaux calés entre les molaires et avec la curieuse impression d’avoir la tête plus lourde que le corps. Tout se mélangeait autour de moi dans un flou jaune-marron qui n’avait d’artistique que le nom. Merde de chiotte de cul de crotte. Mes lunettes ! C’est pas vrai ! Elles ne devaient pas avoir volé bien loin. Je retrouvais aussitôt le sol que je tâtais avec autant de fébrilité que le corps d’une amante plantureuse. Du moins, je pense que c’est ce que je ferais dans ce genre de situation, n’ayant encore pas pu confronter cette théorie à la réalité.
    
    — C’est ça qu’tu cherches gamin ?
    
    Les doux effluves d’un parfum me saisirent les narines. Du caca n°5, de toute évidence. Au creux d’une pogne tremblante se tenaient mes lunettes, presque intactes, à l’exception d’une large rayure sur le verre gauche. Je les remis sur mon nez et le regrettais aussitôt. Le clodo me souriait de toute son absence de dents en ultra-haute définition.
    
    — Merci d’m’avoir aidé gamin, dit-il tout en lissant l’avant des guenilles qui lui servait de vêtement. C’est courageux d’ta part. Sans toi, j’sais pas ce qui me serait arrivé.
    
    Je balbutiais un « j’y suis pas pour grand-chose » héroïque qui prit la forme de « pgranchoze » une fois sortie de ma bouche endolorie. Je me rassurais en me disant qu’au moins, j’avais une excuse toute trouvée pour débarquer en retard ...
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