Cheat-Code (1)
Datte: 18/09/2018,
Catégories:
Divers,
Auteur: Clover, Source: Xstory
Ma vie n’était qu’une succession de poisses avant qu’une chance inouïe me tombe violemment sur le coin du pif. À croire que mes parents m’avaient conçu à partir de chats noirs, de bouts de miroirs brisés et de sang de gitans en colère, le tout au-dessus d’un vieux cimetière indien.
Ma vie amoureuse était à l’avenant et j’enchaînais plus d’échecs qu’un cul-de-jatte amateur de courses en sac. La dernière déception en date illuminait douloureusement l’écran de mon téléphone alors que je courais dans les couloirs du métro pour tenter d’arriver à l’heure au taf.
— Hier soir était une erreur. Je ne veux pas risquer de perdre notre amitié. – Jennifer.
Je soupirai pour la vingt-cinquième fois de la matinée, le crâne encore cotonneux d’une cuite. Et n’allez pas vous imaginer des trucs grandioses. L’erreur en question n’était qu’un malheureux baiser saveur vomi entre deux amis d’enfance ronds comme des queues de pelle. J’avais passé la nuit à tenter de consoler Jennifer. Elle m’avait appelé hier soir en pleurs suite à sa troisième rupture avec son petit-ami. Ou la quatrième ? J’avais arrêté de compter. Lubrifiées par l’alcool, les choses avaient dégénéré. En bien pour ma part ! Bon, je ne me faisais guère d’illusions, comme à chaque fois, elle se rabibocherait pas plus tard qu’à la fin de la journée avec le prénommé Derreck. Probablement à grands coups de langue. Putain de Derreck ! Sa gueule d’ange réchauffait le cœur des femmes et ma jalousie.
— Hé, tu peux pas faire ...
... gaffe, tocard !
La voix grinçante comme une scie m’arracha à mes chouanneries intérieures. Ça et le coup à l’épaule que je venais de donner par inadvertance à une baraque ont l’air aussi aimables qu’un croc de boucher. Il plaquait un clodo contre un mur, ses grosses pognes agrippées au tas de trous qui servaient d’habits aux malheureux. Il le secouait comme on secoue un pommier, ce qui, au vu de sa touffe de cheveux sales, revenait à tenter de récolter des poux. Le pauvre bougre m’adressa un regard désespéré par-dessous une paire de sourcils broussailleux.
— Euh... mais, qu’est-ce que vous faites ? demandais-je héroïquement.
Aujourd’hui encore, je ne sais toujours pas ce qui m’a pris. La marche à suivre pour ne pas finir avec quelques centimètres d’acier dans l’intestin grêle est pourtant facile à retenir. Elle se compose de trois étapes fort simples. Un, regarder le bout de ses pieds. Deux, bafouiller « pardon mon brave, désolé de vous avoir dérangé au beau milieu de votre agression » et surtout, trois, se carapater vite fait sans un regard en arrière.
Je tentais de rattraper le coup en gardant la bouche grande ouverte quelques secondes dans l’espoir que mes mots regagneraient gentiment ma gorge d’où ils n’auraient jamais dû sortir.
— De quoi elle se mêle la tronche de geek ? ricana une jeune femme dans le dos du gentleman agresseur.
En toute autre circonstance, j’aurai probablement pris le temps d’apprécier la plastique avantageuse de la demoiselle brune qui ...