En Érinlande - Histoires de Sexe

En Érinlande

... ailleurs. Maintenant ma maison est ici. Tu ne m’as nullement contrainte. J’étais consentante, consentante parce que je t’aime.
— Je t’aime aussi, c’est justement pour cela que je veux que tu partes. Imagine ce qu’il adviendra quand ta famille, tes amis sauront. Ils te rejetteront comme une paria.
— Parlons-en, de ma famille. Mon père pour complaire à sa nouvelle femme et pour ne pas que je fasse d’ombre à ses enfants m’a livrée, dès que mon âge l’a permis, au seigneur de Glenroe et, cela fait, ne s’est plus inquiété de quoi que ce soit. J’aurais pu être sur la lune, cela n’aurait pas été différent. Eh bien, maintenant c’est moi qui ne m’inquiète plus d’eux. De toute manière que veux-tu qu’ils fassent ? Ils sont loin et de plus les communications avec la Glaiseterre sont interrompues par la guerre. Quand ils sauront, Dieu sait quand, ils devront bien s’en accommoder et si mon nouveau mari ne leur plaît pas tant pis, et s’ils ne veulent plus me voir, je n’en pleurerais pas des larmes de sang. De toute manière, je ne les aurais guère revus.

Domenic met quelques secondes à réaliser ce que vient de dire Maureen, avant de s’exclamer :

— Ton nouveau mari ! Tu… tu veux bien devenir ma femme malgré tout ce qui nous sépare.
— Qu’est-ce qui nous sépare ? Pas les baisers que nous échangeons, pas le lit que nous partageons. Alors rien ne s’y oppose. À moins que ne soit qu’un vil suborneur qui profite de la détresse d’une malheureuse veuve ?

Il rit et l’embrasse :

— Alors, ...

... faisons-le dès que possible.

Il se rembrunit :

— Comment allons-nous faire ?
— C’est simple : en demandant au prêtre.
— Mais il va falloir qu’il sache ton nom et les témoins… et c’est un prêtre catholique.
— Ton ami Liam, sa grand-mère et sa « cousine » Luaine, mon ex-belle-fille feront parfaitement l’affaire. Quant au père O’Donovan, je le connais un peu, il a l’air d’un brave homme. Je ne pense pas qu’il fasse objection, ni scandale. Même s’il est catholique, je me ferais une raison, de toute manière il n’y plus de pasteur glaisican.
— C’est vrai que c’est un saint homme, qui fait tout pour aider ses oies.
— Alors, allons-y.

Il commence par rendre visite à Liam, qui bien que surpris par la tournure prise par les évènements accepte avec joie, de même que Luaine, quant à elle nullement étonnée, sa conversation avec Maureen l’y avait préparée. Elle ne doutait qu’icelle arriverait à ses fins.

Le bon père reste ébaubi quand la demande lui est faite. Il ne s’attendait aucunement à voir ressusciter la femme et la fille du Seigneur de Glenroe, il les croyait mortes péries dans l’incendie ou au loin, et encore moins que sa veuve épouse Domenic. Il n’y voit aucun obstacle. Il est même heureux pour Domenic, car depuis la mort de sa femme Fiona, il était sombre, taciturne, rongé de l’intérieur. Quand il pense que c’est la veuve de l’assassin de sa femme qui lui rend la joie de vivre, il ne peut que reconnaître que les voies du Seigneur sont vraiment aussi impénétrables ...