En Érinlande - Histoires de Sexe

En Érinlande

... charge, tu fais ta part de travail, quant au péril que tu nous ferais courir, il n’est pas bien grand. Tous nos amis savent qui tu es en réalité et ils approuvent que nous t’accueillions. Beaucoup se rappellent de ton grand-père, Dieu ait son âme, dont la bonté et la charité étaient connues des lieues à la ronde.

Judith complètein petto :contrairement à mon père qui s’est fait haïr par toute la contrée ». C’est ce qui nous a conduits où nous en sommes. Avec grand-père tout aurait été différent. Elle revient à son idée :

— Il faut que je parte.

La grand-mère, qui est finaude, juge, que ce brusque changement chez la jeune femme et son désir de partir ne sont pas normaux. Il y a quelque chose derrière. Elle la fait asseoir et tout en épluchant les légumes, se met à discuter avec elle en ne se focalisant pas sur ce désir de départ. Luaine trop troublée pour s’en rendre compte se laisse, par bribes, tirer les vers du nez. Après plus de deux heures de conversation, elle a compris de quoi il retourne. Elle se contente de dire :

— Alors c’est donc pour ça que tu veux partir.

Luaine ne comprend pas. Devant son air perplexe, Eillen reprend :

— C’est pour Liam.
— Non.
— Écoute, jeune fille, je sais entendre les choses. Mon petit-fils t’attire…
— Non.

Ignorant l’interruption elle poursuit :

— Jusqu’à maintenant, il était disponible et cela te suffisait, mais depuis quelque temps une certaine Trevina Finnigan pointe le bout de son minois et tu ne le supportes ...

... pas.

Luaine les yeux agrandis, reste bouche bée. La gorge nouée, elle se lève pour sortir, mais Eillen d’une poigne ferme la retient. Elle se laisse retomber sur son siège et éclate en sanglots.

— Je pensais que tu avais plus bon sens que ça.
— Plus de bon sens, mais c’est le bon sens, je ne peux rester.
— Ainsi tu trouves que c’est du bon sens que te désespérer, abandonner le terrain sans combattre pour te lancer sur les routes au risque de te faire tuer ou pire. Non nous n’en avons pas la même conception. Si j’avais fait pareil, tu n’aurais pas ce problème. Liam ne serait pas là.
— Pas là ?
— Oui. Au départ, les parents de son grand-père le destinaient à une certaine Cliona. En plus elle ne lui déplaisait pas, mais moi je savais que c’était lui que je voulais et je l’ai eu. Pourquoi toi, ne tentes-tu rien ?
— Je… Je…
— La belle réponse. Ainsi tu n’as pas le courage de ne serait-ce qu’essayer. Peut-être te trouves-tu trop grande dame pour ça.

Piquée au vif, Luaine réplique :

— Je ne sais comment…
— Si tu y tiens… tu trouveras ! Regarde Maureen, elle ne s’est pas laissé décourager par tous les obstacles qui pouvaient paraître insurmontables.

Sur ces paroles, elle quitte la pièce laissant Luaine avec ses pensées. Elle espère lui avoir insufflé l’envie de ne pas rester à se lamenter et échafauder des projets chimériques de fuite. Elle est certes peinée de la voir ainsi désespérée, mais elle voit aussi que Luaine est Judith, l’héritière de Glenroe, ce qui en ...