Suzanne et les hommes (3)
Datte: 25/07/2023,
Catégories:
Hétéro
Auteur: Axelya, Source: Xstory
Suzanne se leva tôt. Moins tôt que Romuald. Il finissait déjà son café quand elle se douchait encore. Tout en se savonnant, elle hésitait sur la manière de s’habiller ou de se coiffer. Elle s’aspergea d’un parfum discret. Devant sa garde-robe, en culotte et soutien-gorge, elle fit défiler les cintres. Le choix d’une tenue classique lui permit d’affiner la sélection. Le chemisier blanc allait de soi. Tailleur bleu ou noir ? Trop sombre, trop austère, optons pour la couleur. Bas autofixant. Talons hauts neufs. Les cheveux ? Plus compliqué. Elle commença par les lisser longuement, histoire de le discipliner un peu. Elle les rassembla ensuite en queue-de-cheval. Tressés, torsadés, cela prendrait trop de temps. Elle opta pour le chignon banane, s’énerva, défit tout, recommença. Le chignon flou serait trop fou. Cernés d’épingle sa coiffure s’assagit. Du rouge à lèvres ? Oui, mais pas trop voyant. Elle abdiquait, mais elle ne voulait pas passer pour une traînée.
Elle se promit de rester de marbre, quelles que soient les intentions du clerc. Lors de l’assaut, elle saurait lui démontrer qu’elle restait une femme honnête. Si elle faisait preuve d’assez de conviction peut-être même renoncerait-il. Ne restaient que les yeux. Une légère touche de fard à paupières et de mascara. Pour finir, les lunettes. Fin prête.
La matinée était déjà bien avancée, sans que Deluze ne se soit manifesté, quand un vacarme provenant du couloir poussa Suzanne à sortir de son bureau. Elle assista à ...
... un spectacle navrant. Isabelle était accroupie, ramassant nerveusement des feuilles de papier éparpillées un peu partout sur le sol. Maître Vidal se tenait au-dessus d’elle, la tançant vertement :
— Ce que vous pouvez être cruche ma pauvre fille ! Dépêchez-vous un peu ! Je veux ce dossier correctement classé sur mon bureau d’ici cinq minutes.
La notaire tourna les talons sans plus attendre. Suzanne se précipita pour aider Isabelle. Les joues de la secrétaire étaient rouges et ses yeux brillaient.
— Elle m’a bousculé, dit-elle, elle l’a fait exprès.
— Elle ne va pas s’en sortir si facilement. Je t’accompagne si tu veux et on lui lâche ses quatre vérités !
— Laisse tomber, ce serait pire encore.
Suzanne commençait à connaître Maître Vidal. Autant Maître Mulatier était patelin, autant sa consœur faisait preuve d’une sécheresse et d’une intransigeance sans concession. Ses colères froides étaient proverbiales et Isabelle en faisait le plus souvent les frais. La grande blonde pulpeuse était pourtant loin d’être incompétente, mais, visiblement, Vidal avait décidé d’en faire sa tête de Turc. Sitôt le dossier rassemblé, la secrétaire fila retrouver la notaire.
Suzanne revenait à peine son poste de travail quand le téléphone sonna. Mulatier voulait la voir, dès que possible. Quel soulagement ! Elle allait échapper encore un peu à l’infâme Deluze. A cet instant, la jeune femme eut ce que l’on peut convenir d’appeler une illumination. Elle imprima en toute hâte les ...