1. L'intrus


    Datte: 11/09/2018, Catégories: fh, inconnu, vacances, amour, vengeance, intermast, pénétratio, policier, fantastiqu, fantastiq, amourdram, occasion, Auteur: Pervenche M, Source: Revebebe

    ... foutais complètement, que « l’autre » allait partir bien vite, sortir de mon existence, disparaître dans le néant… mais rien n’y faisait. Je tenais à laisser une bonne impression. Chasser l’intrus, oui, mais à son grand regret autant qu’à ma profonde satisfaction !
    
    Inutile de songer à me maquiller ni même à me rafraîchir. Pour ce faire, j’aurais dû quitter la chambre pour la salle de bain. En d’autres termes, avouer mon désir de me montrer à mon avantage. Il était trop tard. L’homme m’avait vue comme ça. Nature. Au saut du lit. Des doigts, je tentai d’ordonner ma chevelure. Consolation : j’avais de beaux cheveux. Complètement décoiffés, mais abondants. Je leur assortis un vieux blue-jean mal repassé et un sweat-shirt de la même veine et, pieds nus, regagnai le living.
    
    Il était debout, les fesses contre le bureau, sirotant son café.
    
    — Je me suis servi.
    
    Je fronçai les sourcils. Il souriait aimablement, comme il semblait en avoir l’habitude, mais n’était-ce qu’une façade ? Je le trouvai très beau ; irrésistiblement charmant. Ses sandales de randonneur, ses vêtements usagés et froissés et son teint hâlé témoignaient d’une vie au grand air. Il n’avait cependant rien d’un vagabond : propre et détendu, correctement rasé, il respirait l’assurance. Il parut déceler le motif de mon inquiétude.
    
    — Vous êtes romancière ? s’enquit-il en posant les doigts sur la pile de feuilles qui trônait sur le bureau.
    — Ne vous gênez pas ! fis-je, courroucée.
    — Suis-je indiscret ...
    ... ?
    
    Son air candide accentua mon agressivité.
    
    — Je vous interdis de toucher à mes affaires !
    — Je ne pensais pas que votre récit était secret.
    — Cela ne vous regarde pas !
    — Excusez-moi. Les feuillets étaient là… Je n’imaginais pas que c’était votre journal intime.
    — Mon journal intime ? Et quoi, encore ?
    — Vous ne voulez pas qu’on le lise. C’est donc secret.
    — C’est un roman. Et il n’est pas pour vous.
    — Vous n’écrivez que pour vous-même ? À quoi un romancier peut-il servir s’il n’a pas de lecteurs ?
    
    Son calme et ses questions achevèrent de me mettre hors de moi. Je m’avançai vers lui.
    
    — Qui vous dit que je cherche à me rendre utile ? Finissez votre café et disparaissez !
    — Vous êtes belle quand vous êtes en colère, sourit-il.
    — Allez-vous-en !
    — Vraiment très belle.
    — Sortez !
    
    Je me dressais devant lui comme un jeune coq, mais il était grand. Lorsqu’il posa sa tasse près de lui et décolla les fesses du bord du bureau, il me surplombait d’une tête.
    
    — Vous voulez vraiment que je m’en aille ?
    — Oui ! explosai-je. Fichez le camp !
    
    J’aurais souhaité effacer le sourire narquois qui fleurissait sur son visage. Je me retins de le gifler.
    
    — Bien, admit-il.
    
    Il se dirigea vers la porte.
    
    — C’est dommage. J’aurais aimé parler de votre roman.
    — Je n’en vois pas la nécessité.
    — Pourquoi ? L’opinion de quelqu’un d’autre peut parfois aider. J’ai remarqué les ratures et corrections sur vos feuillets.
    — Vous êtes trop curieux. Indiscret, même !
    
    Je fis un ...
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