L'intrus
Datte: 11/09/2018,
Catégories:
fh,
inconnu,
vacances,
amour,
vengeance,
intermast,
pénétratio,
policier,
fantastiqu,
fantastiq,
amourdram,
occasion,
Auteur: Pervenche M, Source: Revebebe
... loupé !J’ai quitté les lieux à la fin du cours, nauséeuse et les jambes tremblantes, me promettant de ne plus jamais remettre un orteil dans cette salle de torture où je m’étais couverte de ridicule. En outre, il n’y avait là que des femmes. Pour rencontrer l’homme de ma vie, c’était mal emmanché !J’aurais bien taillé une bavette avec l’athlète qui avait fini de ranger ses boîtes, mais je ne me sentais pas d’attaque. J’ai dit « salut ! » et il m’a répondu « à bientôt ! ». Tu parles ! […]
Un coup de tonnerre interrompit mon travail. Hâtivement, je me levai et, le petit coussin dans une main et mes papiers dans l’autre, je quittai l’amas de rochers qui me servait de siège et me faufilai rapidement entre les pins.
Trois enjambées sur les marches déjà humides et je fus au sec dans le bungalow, jetant sur le bureau ma pile de feuilles et reprenant mon souffle, tout heureuse d’avoir échappé de justesse à la douche monumentale qui s’amorçait. Quelques secondes plus tard, je faisais demi-tour et me tenais debout sur les planches de la terrasse à regarder la violente averse arroser les alentours.
C’est alors qu’il a surgi du rideau de pluie.
— Ouf ! a-t-il dit en bondissant sous l’abri.
Il était grand et mince, avec une voix grave et veloutée.
— Puis-je profiter quelques instants de votre auvent ?
Je hochai la tête sans répondre. Isolée depuis des semaines, ne me rendant au village que sporadiquement pour quelques emplettes, j’avais presque perdu l’habitude de ...
... parler. Je regardai mon visiteur sans bien distinguer ses traits. Dans l’ombre de la terrasse, il n’était qu’une silhouette environnée par la lueur des éclairs.
— Merci, dit-il en déposant son sac à dos.
— Vous pouvez vous asseoir en attendant que ça se calme, proposai-je à travers le crépitement de la pluie.
— C’est très aimable.
Je tournai les talons tandis qu’il prenait place sur un siège de jardin. Non, je n’étais pas aimable. Je m’engouffrai dans le bungalow en espérant que l’orage serait bref. J’eus soudain envie d’une cigarette, mais j’avais cessé de fumer et m’efforçais de ne pas céder à la tentation de recommencer. Une tasse de café suffirait.
Je fis un peu de rangement pendant que la cafetière électrique s’acquittait de sa tâche, puis m’avachis dans un fauteuil en sirotant le liquide brûlant. Mon visiteur s’encadra bientôt dans l’entrée et se racla la gorge.
— J’ai senti l’odeur… commença-t-il.
— Vous en voulez ?
— Sans abuser…
— Je vous préviens : il n’est pas fameux, annonçai-je en me levant.
— Il sent bon, pourtant.
— J’ai jamais su faire le café, insistai-je en lui tendant une tasse.
Il me remercia et resta là debout à me regarder par-dessus le récipient. Son visage était à nouveau dans l’ombre, alors que le mien devait être éclairé par la lumière grisâtre s’infiltrant par les deux fenêtres. Gagnée par l’irritation, je dus refréner mon envie d’allumer le plafonnier. « Bois ton jus et dégage ! » pensai-je en me dirigeant vers le coin-cuisine. ...