Le miroir de Claude - Partie 1 - Histoires de Sexe

Le miroir de Claude - Partie 1

... je me rendis à la mairie consulter les registres de naissance. Le 21 décembre 1909 est née une fille Armelle, Ève, Marie, Paule de Claude et de Claude […]. Gonflé·e mon aïeul·e !

La petite fille sur la photo avec Claude était donc Armelle. C’est mon arrière-grand-mère. De ce que je sais, mon arrière-grand-père Armel disparut pendant la Seconde Guerre mondiale. Mon arrière-grand-mère éleva seule sa fille Aline (ma grand-mère, née en 1939). Armelle mourut en 1989. Je pensai sincèrement que cette histoire était fausse : Armel et Armelle étaient une seule et même personne et il·elle avait dû aussi se reproduire par cette forme de parthénogenèse propre notre lignée.

Ce qui m’intriguait c’est l’aspect génétique de ce mode de reproduction : le miroir devait provoquer un changement du chromosome X en Y et vice-versa. Les membres de la lignée utilisant ce mode de reproduction devaient tous être identiques !

J’ai connu mon grand-père et je l’ai vu simultanément en compagnie de ma grand-mère. Il s’appelait Arthur. Compte tenu de ce que racontait la fée à Claude en 1909, il semble que les générations suivantes se seraient plutôt reproduites, non par parthénogenèse, mais bien de manière classique chez les humains. Cela expliquerait aussi pourquoi le miroir fut remisé au grenier. J’espérai que les fées et les korrigans ne lui avaient pas trop voulu ! J’étais là aujourd’hui et le miroir marchait toujours. La magie avait perduré malgré tout. Cela me rassurait, je me sentais ...

... tellement membre de la lignée !

Il semble qu’à partir du moment où Armel·le avait enfanté, elle avait passé la majorité de son temps en femme. Je la comprenais très bien et l’enviais inconsciemment.

Je fis quelques sorties dans les jours qui suivirent, j’avais besoin d’Éros pour satisfaire ma libido. Je fis l’amour en homme, en femme, en travesti. Quel plaisir de pouvoir changer de sexe sans contrainte. J’en vins à plaindre les personnes atteintes de dysphonie de genre où la seule solution est soit de se travestir, soit d’entamer une transition avec médicaments voire de la chirurgie, le tout à grand renfort de psychiatrie. Je me dis que tous les humains devraient avoir accès au miroir. Peut-être était-ce déjà dans ma personnalité, mais je me sentais mieux dans ma peau depuis la découverte du miroir et me dis qu’un monde sans distinction permanente de genre serait probablement plus facile à vivre avec moins de guerres et d’agressivité, de cupidité…

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Le breton est une langue riche et belle. Je me dis un jour que je pourrais tenter une variation pour voir si le miroir avait réellement des fonctionnalités cachées.

Par un soir de pleine de lune (ce détail n’a aucune importance dans le rituel, mais j’aime bien), je mis nu (j’étais Gwenaël) devant le miroir et prononçai une formule originale non documentée jusqu’ici :

treuzfurmadur melezour, lakaat am en divreizhadezh

Vous noterez la différence par rapport aux deux autres formules des carnets de ...