Le voyage de Milly - Histoires de Sexe

Le voyage de Milly

... est revenu vers moi :

— Comment se portent vos vacances ?
— Je m’emmerde à vrai dire. Je suis tout seul…
— Et que cherchez-vous ?
— Je sais pas moi : une bande de copains qui s’amusent ensemble ? Ici, le soir, c’est plutôt jeune comme clientèle !
— C’est de saison !
— J’aurais dû prendre mes vacances un autre temps alors !

Je faisais semblant d’être enragé et triste, un connard qui cherche à être entouré de copains-connards comme lui, à boire de la bière et à se taper du poing sur le torse nu. De ceux qui cherchent du tourisme sexuel, ou écouter du foot en beuglant. Tony et moi sommes restés silencieux quelques secondes, puis il a soupiré avant de se retourner vers moi :

— Vous savez, quelques fois il y a des soirées organisées, dans le salon lounge, donnant sur la terrasse à l’étage…

Je l’ai écouté, intéressé :

— … Pas toujours, il n’y en a pas toujours, et elles sont toujours organisées par des personnes différentes. À vrai dire, moi je ne fais que la logistique de ces soirées…

Je me suis redressé, de plus en plus curieux : le rôle que je jouais et l’espion en moi.

— Des soirées ? Salaces ?
— Oui.
— Et qui organise ces soirées ?
— Je ne peux vous le dire, mais… ce que vous pouvez faire, c’est vous y inscrire… m’a-t-il chuchoté d’un air de conspirateur.
— M’y inscrire ?
— Sur le site, oui
— Le site de l’hôtel ?
— Non.

Il m’a donné une carte de visite, teintée de fioritures en argent, avec une adresse web complexe. À l’endos, il ...

... était inscrit : « The Onion Router ». Voyant que je lisais oignon, Tony m’a souri et m’a pointé le mot :

— Il vous faudra peut-être faire des recherches avant de vous inscrire, mais le jeu en vaut la chandelle !
— OK ! Merci ! lui ai-je répondu en souriant franchement.

Je lui ai serré la main et suis parti dans ma chambre. Le temps de prendre en photo les deux côtés de la carte, de les envoyer à Charlène, d’attendre une réponse en prenant une douche chaude, en appliquant partout sur mon corps une lotion parfumée, j’ai cherché sur le Net certains liens proposés par « The Onion Router » et le site de la carte. Le soleil se couchait déjà et les oiseaux dansaient une farandole.

Charlène n’avait toujours pas répondu à ma demande d’informations et je n’avais pas trouvé grand-chose, sinon le lien pour télécharger TOR, le navigateur nous permettant de rester anonyme en ligne, caché sous de multiples couches de cryptage. Nous pouvions nous inscrire aux soirées organisées quelques fois dans cet hôtel en fréquentant le deepweb.

Le soleil irradiait d’orange la mer et je devenais expert dans l’art de me transformer. J’ai toujours eu une taille fine, j’ai toujours été de petit gabarit. Mon « travers » de travestissement s’était transfiguré. Je faisais plus que me vêtir de lingerie, j’étais – et je suis toujours – capable de devenir femme… Ainsi, en attendant une réponse informatique de ma collègue analyste, je m’étais mué en Milly. Sans m’en rendre compte. Je suis donc sorti ...