Maggie, Maman et Moi (1)
Datte: 21/04/2023,
Catégories:
Hétéro
Auteur: luc_marie92, Source: Xstory
... sans prévenir, à l’improviste, d’un syndrôme assez foudroyant. A compter de ce jour, je n’eue plus de raison de retourner sur mes terres d’enfance. Mes amis de jeunesse avaient fait comme moi, changés d’air, parfois de climat. Et si je suis resté dans le même département, j’ai très vite eu à coeur d’habiter des lieux plus résidentiels, autant que me le permettaient mes moyens.
Mais voilà que m’a contacté un vieux camarade, revenu habiter "dans le quartier", qui m’a demandé de l’aide dans une affaire qui le tracassait. A 35 ans, je suis plutôt reconnu dans mon domaine. J’ai accepté d’écouter ses difficultés. Viens déjeuner, m’a-t-il dit. On parlera autour d’une bouteille de Valpo. Mon vieux camarade est issu d’une famille d’Italiens. Il n’a pas beaucoup de talents, mais il sait cuisiner les pâtes. J’ai pris ma voiture et mon courage à deux mains. Il m’a expliqué son problème, je l’ai écouté, et nous avons convenu de faire un point la semaine suivante. Par téléphone? Je lui ai proposé de revenir chez lui, car ce retour aux origines m’avait suggéré l’idée d’une autre retrouvaille.
Vous dire pourquoi j’ai songé à vérifier si Madame Maggie habitait toujours dans cette tour de 12 étages, à deux cent mètres de "notre" propre immeuble de jadis? J’avais passé bien des mercredis après midi chez elle, étant gamin. Elle me gardait avec ses deux fils, dont l’un avait mon âge et l’autre un peu plus jeune de trois années...
Plus tard, adolescent, mon job du dimanche matin ...
... consistait à lui porter le panier de linge à repasser que ma mère passerait reprendre en fin d’après-midi, pour leur rituel de café au lait en regardant la télé...
Elles parlaient de tout et rien, ma mère lui glissait un billet, Solange détestant la corvée de repassage et Maggie ayant besoin d’arrondir ses fins de mois, car elle n’avait qu’une petite paye d’agent de service, dans quelque administration locale. Deux enfants à élever, et un mari dont elle avait divorcé, car il avait la main leste et le coude fort agile également. Comme il ne roulait pas non plus sur l’or, il devait casquer la pension - au mieux- un mois sur deux.
C’était une femme modeste à tous égards, mais d’une grande gentillesse. Je la connaissais depuis tout petit, mais ne l’avais jamais tutoyée, ni même appelée par ce surnom, probablement dérivé de Marguerite. Je lui faisais quatre bises sur les joues, elle me répondait d’un sourire. Mais quand Solange avait disparu, j’avais choisi délibérément, j’avais mes raisons, de ne conserver aucune relation avec ses amies à elle. Je voulais refermer pour de bon ce livre de ma jeunesse.
J’ai pourtant eu cette idée, après quinze années de silence, de coupler ma deuxième visite à Patrice, (le cuistot italien), et une hypothèse de révérence à cette dame. Vous dire ce qui m’y a poussé? Nous y viendrons. A cet instant, rien n’était écrit: peut-être avait-elle d’ailleurs quitté le quartier, pour autre part... Ou nulle part, qui sait? Je garde mes vieux agendas ...