1. Elle


    Datte: 19/04/2023, Catégories: fh, couple, Collègues / Travail amour, rencontre, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... prendre place à mes côtés.
    
    — Messieurs-dames, enchantée, Carla une amie de Jérôme…
    — Ah ben tu vois, il nous avait dit juste une collègue…
    — Il a une copine-eu, il a une copine-eu…
    
    Je n’avais jamais vu Carla rougir, mais ses pommettes se sont un peu colorées. Surtout quand ils enchaînent :
    
    — Un bisou, un bisou…
    
    Elle se retourne vers moi pendant qu’ils crient et me murmure :
    
    — Après tout, ça n’engage à rien…
    
    Et de me coller un joli bisou sur les lèvres. J’en ai le goût douceâtre de son rouge à lèvres. Ensuite, le patron arrive, face rubiconde d’un bon normand.
    
    — Oh oh ! Qu’entends-je ? Bernard-l’hermite aurait trouvé sa coquille ? Ah, Mademoiselle, c’est bien le plus sympathique poitevin que la Normandie ait jamais connu ! Vous en avez de la chance, mais il n’a pas à se plaindre non plus. Tonnerre qu’elle est belle, mon Jérôme ! Et vous êtes d’où ? Paris ? Tant pis…
    
    Le ton est donné. Après, ce sont les andouilles de Vire, nature et au poivre, avec un gentil Pommeau, les moules-frites avec un Quincy de derrière les fagots, les fromages tous normands, la crêpe au chocolat, café et Calva pour bien digérer. On se sépare sur le trottoir, Carla reste accrochée à mon bras.
    
    — Je suis bourrée, cuite, ronde comme une queue de pelle, mais j’ai passé la meilleure soirée de ma vie. Et c’est comme ça toutes les semaines ?
    — Ben oui. Mais votre venue a rendu la soirée exceptionnelle. Quoiqu’un soir, on a eu Hugues Auffray, l’idole du patron. Il a dîné et il ...
    ... a chanté pour nous et nous avec lui. C’était super.
    — Pfff… Mais il n’y a pas tout ça dans mon quartier…
    — Je vous appelle un taxi ?
    — Non. Trop saoule, je vais marcher un peu.
    — Alors, je vous accompagne.
    — Merci, ça m’évitera de tenir les murs.
    
    De Montparnasse à la rue Vavin, ce n’est pas très loin, une bonne trotte tout de même. D’un geste grâcieux, elle libère son chignon et s’ébroue. Comme ces gestes intimes me touchent et me font frissonner l’échine ! Tout comme son bras enroulé autour du mien. Nous évoquons les moments marquants de la soirée, je lui dis que nous sommes désormais catalogués en tant que couple, juste pour un bisou.
    
    — Vous ne m’en voulez pas, j’espère ?
    — Certainement pas, j’ai apprécié.
    — Vraiment ? Alors je peux recommencer ?
    
    Sans attendre la réponse, elle m’en colle un nouveau, plus long, plus appuyé. Cette fois elle sent le Calva. Moi aussi, sûrement. Elle se recule pour me dire :
    
    — J’ai accepté parce que j’aurais pu tomber plus mal. Comme dit le patron du Saint-Jacques, le plus sympa des Poitevins.
    — Et vous, la plus belle des cadres de Paris.
    — Ha-ha-ha ! Le joli couple que voilà…
    
    Je n’insiste pas, je ne transforme pas le bisou en baiser, je reprends la marche. Si elle doit s’offrir, que ce soit avec l’esprit clair et pas embué par l’alcool. Ses cheveux volent au vent et se mettent parfois dans ma figure, je les repousse malgré leur parfum délicat. C’est dingue comme une femme vraiment belle, de cette beauté qui vient de ...
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