Elle
Datte: 19/04/2023,
Catégories:
fh,
couple,
Collègues / Travail
amour,
rencontre,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... trente quand j’arrive. J’ai bien fait de passer par la vallée de Chevreuse, la radio dit que le péage de Saint-Arnoult est bloqué, comme tous les dimanches soir. Je croque quelques carottes crues, juste passées sous l’eau, j’adore ça, elles étaient encore dans la terre ce matin. Puis je fais un mail à Carla, une photo de Bouledepoil. Un instant après, mon téléphone sonne :
—Qu’est-ce que c’est que cette bestiole bizarre ?
— C’est mon frère ! Non… un âne du Poitou !
—Ha ha ha ! Vous avez de la fourrure comme ça jusqu’au bout des pattes ? En tout cas, il est trop beau. Vous imaginez le bonheur pour des enfants, le caresser, lui grimper dessus, lui faire tirer une petite carriole…
— Exactement. Celui-ci s’appelle Bouledepoil, en un seul mot. Nous avions sa mère quand étions petits, la même. Et on a fait tout ça et bien pire.
—Oh quelle chance ! Vous faites quoi, là ?
— Je croque des carottes juste sorties de terre.
—Oh le bonheur ! Arrêtez, vous me donnez envie…
— Et j’ai ramené plein de choses pour vous, des spécialités locales. Vous avez dîné ?
—Non, toute seule, pas envie…
— Alors, sautez dans un taxi, à tout de suite.
Elle a débarqué dans le quart d’heure, avec son peignoir sous l’imperméable.
— Vous faites la sortie des écoles ou des casernes ?
— Vilain ! Donnez-moi une carotte pour la peine. Hum ce qu’elles sont bonnes, juteuses, sucrées…
— Vous aimez la viande rouge ?
— J’adore ça.
— Vous avez une heure devant vous ?
— Non, j’ai vous devant moi. ...
... Ha-ha-ha ! Oui bien sûr, l’important est de passer un bon moment. Et puis j’ai dormi la moitié du week-end.
— Allez, je le mets au four. Pendant ce temps, je vais vous occuper. Vous allez équeuter les haricots verts.
— Euh… oui, comment on fait ? Désolée je les achète toujours en boîte…
— Ah ces Parisiennes !
Quand tout est prêt, haricots sautés à la poêle avec beurre, ail et persil frais, je sors le rosbif et je le découpe. Juste saignant à cœur, et j’aurais pu le couper avec le dos du couteau.
— Hummmm ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Oh oui, je sais, je sais, attendez. Du bœuf japonais massé à la bière. Kobé, du bœuf de Kobé !
— Pas du tout, mais putain c’est vrai que c’est bon. C’est le rôti d’une vache magnifique à la belle toison marron glacé, avec des yeux comme maquillés d’un trait de kohl : la parthenaise. Ce sont ces vaches que mon frère veut élever. Vous comprenez pourquoi ?
— Ah ! Je n’ai jamais mangé de viande aussi délicieuse et fondante. Attendez, les restos parisiens s’arracheraient une viande comme ça, à prix d’or !
— Tiens, c’est une idée, on pourrait monter une filière, je lui en parlerai.
— Oh ! Et ces haricots ! Mais c’est un délice pur ! Et il y a tout ça là-bas ?
— Ben oui, dans le jardin, ma mère les a cueillis ce matin. Tenez, regardez ces quelques photos sur la tablette…
— C’est joli, c’est vert…
— Là, c’est la ferme de mes parents, j’en ai fait plein de photos parce que dans quinze jours elle sera à moi, ils prennent leur retraite. Les ...