Hommage à Lovecraft (2)
Datte: 17/04/2023,
Catégories:
Hétéro
Auteur: Dante67, Source: Xstory
... mienne.
— Puissent les sortilèges duNecronomicon ne jamais égaler celui que je vous jette ce soir, Monsieur Lefebvre.
Son toast m’étonne, mais il est des attaques dont on accepte l’estocade de bonne grâce.
— Songer que vous en ayez besoin serait une insulte à vos charmes, Mademoiselle Cadwell.
— Appelez-moi Alice.
— Appelez-moi quand vous voudrez.
Ma remarque l’amuse et nous trinquons. Le choc de nos verres, pourtant faible, fait éclater le mien en morceaux. Un bout de verre m’esquinte légèrement la paume et le champagne se déverse sur mon pantalon. Légèrement hagard, je tente de reprendre contenance.
— Oh, je... veuillez m’excuser, je suis navré.
— Vous vous êtes fait mal ?
— Non, ce n’est rien. Ne vous inquiétez pas pour ça, ce n’est pas grand-chose. Mon pantalon est...
Elle décale sa chaise et se rapproche en regardant mon pantalon mouillé par le champagne. Après un silence gêné et un échange de regards tout aussi inconvenant, elle continue :
— J’aurais bien une idée, mais...
— ...
— J’ai pour règle de ne jamais ôter le pantalon de mes invités avant le dessert. Je suis de la vieille école, voyez-vous...
— Ma règle à moi est de ne jamais me ridiculiser devant une femme d’intérêt ; mais que voulez-vous, les règles sont faites pour être transgressées !
Je m’autorise à rire légèrement de ma situation grotesque avant d’ajouter :
— Plus sérieusement, je suis désolé. Pensez-vous que nous puissions demander au service d’étage de ...
... nous apporter un pan...
Je n’aurai jamais l’occasion de finir ma phrase. Elle n’a pourtant rien dit. Elle s’est juste détendue sur sa chaise et a décroisé puis recroisé ses jambes. Vient-elle de me faireBasic Instinct, ou mon imagination me joue-t-elle des tours ?
— À quel point connaissez-vous vos classiques, Alice ?
— Assez pour ne rien porter sous cette robe... hormis peut-être un peu d’essence de Guerlain dans les cheveux.
Nous nous regardons droit dans les yeux, l’air grave, sans qu’aucun n’ose bouger. Puis tout à coup, elle se lève, d’abord un peu hésitante. Elle marche vers l’intérieur et se retourne pour me lancer l’invitation ultime :
— Cette suite est en duplex ; la chambre à coucher est à l’étage. Si vous aimez la vue d’ici, je vous laisse imaginer ce que vous pourriez voir de là-haut.
Je ne me fais pas prier davantage, et sans accorder un seul regard au balcon et à son panorama, je l’accompagne dans l’escalier en colimaçon. Devant moi se tient Alice, silhouette semblable à une flamme noire dans sa robe qui épouse ses courbes à la perfection. Elle passe ses mains derrière elle, et en un instant défait le nœud dans son dos, dernier gardien de sa pudeur pour se retrouver nue... « avec un peu d’essence de Guerlain dans les cheveux », comme elle l’avait si bien dit.
Je suis surpris de découvrir un corps couvert de tatouages ; de loin, elle semble couverte d’une peau écailleuse, étrangement pas repoussante, bien au contraire : les formes semblent ...