1. Hommage à Lovecraft (2)


    Datte: 17/04/2023, Catégories: Hétéro Auteur: Dante67, Source: Xstory

    ... suite panoramique 707. Paul, ici présent, vous y accompagnera ; c’est au fond du patio sur votre droite, au septième et dernier étage. Je vous souhaite une excellente soirée, Monsieur Lefebvre.
    
    — Je vous remercie.
    
    Elle commence plutôt bien, en effet, cette soirée. Un autre jeune homme que je suppose débutant me précède pour me guider. Tandis que nous montons les étages, je songe à cette ravissante et mystérieuse inconnue qui m’a arraché tant de centaines de milliers d’euros dans le bras de fer de ce matin. Il est étonnant que je ne l’aie jamais croisée ici ou là ; elle n’est pourtant pas le genre de femme que l’on oublie facilement, et bien que je ne sois pas particulièrement friand de mondanités, dans certaines sphères, Paris sait être un petit village.
    
    L’ascenseur s’immobilise au dernier étage, et nous continuons sur la droite jusqu’à la suite 707.
    
    — Je vous souhaite une agréable soirée, Monsieur.
    
    — De même, je vous remercie.
    
    Je toque trois fois – par habitude – tandis que mon cœur semble s’arrêter un instant.
    
    Elle m’ouvre lentement la porte, et le visage qui apparaît dans l’entrebâillement me coupe le souffle. Elle est vêtue d’une splendide robe noire qui allie élégance et séduction, fendue sur le côté et pourvue d’un décolleté orné d’une scintillante parure en or blanc. Elle me toise de haut en bas.
    
    — C’est drôle, on dirait que vous avez couru...
    
    Sa phrase m’étonne : je ne suis pas le moins du monde essoufflé, et elle doit se douter que je ne ...
    ... suis pas venu au pas de course, puis cette réplique me rappelle quelque chose...
    
    — Oui : après vous.
    
    Elle esquisse un sourire qui, pour la première fois, dure plus d’une seconde.
    
    — Après moi ? Mais vous venez à ma rencontre...
    
    — Mais justement ! Je vous ai vue tout à l’heure... alors vous comprenez, le choc, l’émotion, le temps de me décider... mais vous étiez déjà loin. Alors...
    
    — Alors...
    
    Elle soupire, semblant ravie.
    
    — ... alors je constate que vous connaissez vos classiques, Monsieur Lefebvre.
    
    —Les Enfants du Paradis ? Mais je crois qu’il s’agit d’un classique pour nos grands-parents, ne pensez-vous pas ?
    
    — Et vous, ne pensez-vous pas que ce qui fait un classique, justement, c’est qu’il est intemporel ?
    
    Sa particulière ingéniosité – plus qu’inhabituelle chez une femme de son âge – m’émerveille littéralement. Elle m’invite à entrer et à la suivre jusqu’au balcon qui offre une vue imprenable sur les toits de paris et la tour Eiffel. D’ici nous pouvons également deviner le pyramidion de l’obélisque de Louxor de la place de la Concorde. Ses feuilles d’or enrichies à trente-trois grammes pour mille superposées par trois fois scintillent dans le soleil couchant. La brise est légère et agréable.
    
    Une petite table ronde dispose deux flûtes à champagne, et une bouteille attend dans un seau à glace sur un petit chariot amené par le service d’étage.
    
    Nous nous asseyons sans un mot ; je n’ose profaner ses silences. Elle attrape une flûte et me tend la ...
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