1. Bienvenue, pingouin ! (3)


    Datte: 15/04/2023, Catégories: Hétéro Auteur: Mr.523, Source: Xstory

    Bourdonnements fanfaresques et agressions lumineuses au réveil. Mes yeux éclosent teintés d’une brillance livide.
    
    Ainsi, je réalise que les lézards sont simplement des ivrognes qui essaient de descendre du lit pour aller à la salle de bain. Ou est-ce l’inverse ? Qu’importe, j’ai mal à la tête.
    
    Une demi-journée pour m’en remettre. Cinq minutes de diatribe mentale sur l’évolution bancale de ma destinée. Une bonne marche avec enduction solaire conséquente sur ma peau. Et me voilà comme neuf, prêt pour la prochaine glissade.
    
    Car ce soir, c’est la grande beuverie-sauterie. Le temps canadien est aussi capricieux que j’ai pu l’être ; il faisait beau, et maintenant le ciel est d’un gris pâle menaçant.
    
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    La nuit me devance, je compte les marches qui mènent à l’entrée de la grotte. Il pleut à grosses gouttes sur mon complet. En dessous, je suis déguisé en costume sur mesure, qui m’donne toujours l’impression d’avoir quelque chose à vendre. Je reste sur le palier. Je n’aime pas la foule ; pas la peine de se presser ! J’m’en grille une, de cette promesse de mort certaine. Les doigts qui miment un zéro pour la protéger de la pluie qui s’abat sur mon visage. Temps de chien ! Les cheveux ruisselants ; déjà je ne ressemble à plus rien. De la sorte, j’pourrais même gratter une pièce au prochain invité.
    
    Cette bâtisse de dehors c’est quelque chose... mais de dedans ... C’est répugnant ! L’opulence qu’on adore détester ; marbre, tapis rouge, éclairage tamisé, ...
    ... effluves aux mille senteurs et un calme à faire claquer les talons. La grande salle principale grouille de gens beaux, de parures, un style sartorial unique pour chaque invité. Mais, il semble que ma gorge est trop sèche pour saluer tout le monde. J’ai beau avoir été invité, c’est le buffet et surtout le bar qui m’aguichent ! J’en ai les paumes moites d’excitation, tant bien qu’elles caressent les hanches de mon veston.
    
    (Contrairement aux gens joyeux ; moi je ne le suis jamais, même quand je bois !)
    
    Suffisamment humidifié, je me mélange à la foule, en feignant la mondanité et la bonne humeur, malgré mon air tout mouillé. Mon verre me donne de la contenance, même s’il ne contient déjà presque plus rien...
    
    J’oscille de groupe en groupe, par intrusion. À coups de « comment allez-vous ? », « que faites-vous dans la vie ? », « comment vous avez connu les mariés ? ». Mais plus j’imbibe, plus mes interventions sont incohérentes quand je m’immisce. Tiens, dans ce groupe j’aperçois une étrangeté ! L’homme parait hirsute, mais coiffé. C’est hallucinant ! Nous vivons dans un monde où l’on peut être les deux à la fois ! L’ère de l’hirsute contrôlée ! De l’épi conventionnel !
    
    En m’approchant délicatement de cette originalité, j’entends l’homme, aux cheveux grisonnants et d’une rébellion contenue, prononcer à son petit comité avec certitude :
    
    — La clémence des princes n’est souvent qu’une politique pour gagner l’affection des peuples.
    
    Je lui dis en le pointant du doigt :
    
    — ...
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