1. Intentions


    Datte: 06/09/2018, Catégories: cérébral, revede, exercice, Auteur: Alex Vogelbird, Source: Revebebe

    ... situation. Ce n’est qu’en reprenant conscience que je la découvris, puis vis dans ses pupilles briller sa colère noire. Terrifiante, quoique fascinante dans sa nuisette translucide, elle me toisait de sa hauteur, de toute sa taille, et elle s’était armée (l’expression est appropriée) de la petite radio que je laisse sur une étagère, sous la glace, car j’aime écouter de la musique ou les informations quand je fais ma toilette. Une minichaîne hi-fi, en quelque sorte, dangereusement reliée à la prise électrique murale, et qu’elle brandissait à présent d’une main, au-dessus de cette baignoire à moitié remplie où je me vis soudain connaître une mort violente.
    
    Je vis la main monter en une ample courbe rageuse impliquant jusqu’aux articulations de l’épaule, puis s’abattre brutalement, projetant la masse de connections et de diodes juste entre mes deux cuisses. Mes terminaisons nerveuses, encore électrisées par la récente extase, encaissèrent la décharge de douleur qui devait me tuer, mais uniquement parce que mes muqueuses génitales furent broyées par la collision. La gaine était trop courte ; la prise s’était débranchée à la seconde exacte où la machine percutait la surface.
    
    Dans les minutes qui suivirent comme une éternité, on n’entendit pas même une respiration. La furie aux pulsions meurtrières ne bougeait plus. Paralysée. Simplement, ...
    ... peut-être en pensant à la mort que je méritais pourtant, elle regarda la radio se remplir et couler. Puis elle s’en alla sans une parole, sans une larme.
    
    J’aurais tant préféré que mes cuisses, sur l’heure, connaissent pour une fois la morsure de ma cravache jusqu’à l’expiation, ou que ma dulcinée impose à ma poitrine, à m’en faire implorer sa miséricorde, ces pinces avec lesquelles j’ai si souvent meurtri les pointes délicates de ses tendres mamelles. Je lui aurais offert sa vengeance sur ma chair, en échange de sa rémission, si elle l’avait voulue. J’aurais ouvert mes fesses aux énormes prothèses dont j’abusais parfois pour dilater en force sa boutonnière anale. Pour qu’elle me pardonne, j’aurais même bu par pintes son urine, humiliation qu’elle exécrait elle-même quand, lors de nos promenades dominicales en voiture, me prenait une envie pressante sur une route de campagne, près d’une clairière isolée ou à proximité de ces aires de repos dont les toilettes douteuses m’incitaient fréquemment à préférer sa bouche…
    
    En place de cela, elle est partie, ma mise à mort inachevée. Depuis lors, comme une ombre, j’erre dans la maison sans destinée, ni dignité, ni même raison. J’en viens même à admettre dans ma nuit de détresse, depuis les profondeurs de mon âme calcinée, qu’en cette journée maudite, malgré les apparences, mon amante m’a réellement tuée. 
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