Le Dieu Taureau - Histoires de Sexe

Le Dieu Taureau

... main.

Ah oui, il y a aussi cette contrainte ! Il faut que j’invente une combine pour que Dheig’h puisse me refaire une copie. Je dois faire venir la vraie Ningal, mais comment ? L’enlever ? Aller voir Ekwoos chez lui ? Il doit bien y avoir un moyen d’approcher cette petite humaine ! Oui, il doit y avoir un moyen !

Devinant mes pensées, Dheig’h me tance :

— Tu es Gwoows, le Dieu Taureau, l’image même de la virilité, et tu pleurniches sur une copie de simple humaine ?
— Une sacrément bonne copie quand même !
— Ton but est de répandre partout ta semence, de saillir à tout va, d’engrosser pour que la vie se perpétue encore et encore.

Me redressant, je proteste :

— Et Ekwoos ? Il ne faisait pas la même chose que moi ?
— Ekwoos n’est pas le dieu de virilité, même s’il est bien monté. Et contrairement à toi, il n’engrossait pas d’humaines, je te signale. Sauf quand il est tombé sur Ningal, je te l’accorde.
— Je ne peux pas échanger un peu ma place avec lui et profiter de son humaine ?
— Son humaine ne t’aime pas. Et Ekwoos n’est pas partageur.

Elle a raison, c’est peine perdue. Et si je capture Ningal pour mon seul profit, Ekwoos va devenir fou-furieux et ça risque de mal finir. Implacable, Dheig’h continue :

— Même si je te refabriquais une nouvelle Ningal, elle disparaîtrait au bout d’une lune. Et toi, tu auras encore plus mal à chaque fois. Écoute-moi bien, Gwoows : il vaut mieux se couper un doigt maintenant que tout le bras plus tard.

Je le sais ...

... au fond de moi, Dheig’h a raison. Pourtant, je m’y attendais, mais je croyais que j’allais me lasser de cette humaine, je me lasse toujours des humaines ! Et dans pareil cas, tout reviendrait comme avant : je saute de l’une à l’autre et je les saute, comme on franchit un gué en allant de pierre en pierre.

Entrevoyant une solution différente, je me résigne :

— Toi qui possèdes tant de pouvoirs, tu ne peux pas effacer pour toujours cette Ningal de ma mémoire ?
— Hmm, définitivement, je ne peux pas, car tu es un dieu. Néanmoins, je peux l’effacer partiellement. Mais tu te souviendras quand même d’elle de temps à autre.
— Bah, c’est mieux que rien…

Posant ses mains entre mes cornes, Dheig’h récite quelques incantations. Je sens que quelque chose s’évade de moi, j’en éprouve à la fois du regret et du soulagement. Puis, je suis reparti vivre mon ancienne vie de débauche, avec parfois la nostalgie qui remontait en moi.

Parfois, quand ce souvenir s’échappe de la prison dans laquelle il reste enfermé la plupart du temps, j’ai presque envie de pleurer comme un veau sur cette profonde absence que je ressens en plus profond de mon être. Quel triste tableau pour le massif et puissant dieu que je suis, alors que toutes les femelles se pâment devant ma virilité.

Toutes, sauf une.

Celle qui s’en est approché le plus, fut Eurôpê, fille d’Agénor, que j’ai enlevée sur mon dos, et avec laquelle j’ai fait énormément de galipettes en Crête, me faisant passer pour un autre dieu, ...