La fiancée des pirates - Histoires de Sexe

La fiancée des pirates

... obscénités. Oh oui, Raoul, fous-la moi bien profond !
— Non, mais ça va pas, les mecs, vous vous êtes écoutés, là ? protestai-je, en réfrénant un sourire, tant leur petit exercice de mentalisme improvisé ne me semblait en l’occurrence pas si absurde.
— Ça, c’est bien l’hypocrisie des nénettes. Dès que ça parle de cul, elles font comme si elles n’étaient pas concernées.
— Et vous vous êtes aussi livrés à ces délicats pronostics avec moi, dans la boîte ?
— Pour ne rien te cacher, on t’avait déjà repérée, oui. Difficile de faire autrement.
— Et le verdict ?
— Le prototype de la chieuse.
— On ne s’était pas trompés.
— Un peu salope aussi, mais ça a son petit charme.
— Le genre femme libérée, mais qui espère secrètement la fessée.

Je n’étais pas du tout dupe de ce machisme de second degré. Et j’avais bien compris qu’ils forçaient la dose pour me faire tourner en bourrique, en s’amusant à me bombarder à tour de rôle pour avoir toujours le dernier mot. Bien entendu, je ne me laissais pas faire, ce qui semblait les ravir.

— Dis donc, la gonzesse, la ramène pas trop, t’es jamais qu’en période d’essai, a rigolé Gilles.
— Ah bon, et quelle est donc la place que vous me destinez dans votre petite association de malfaiteurs ?
— Tu pourrais déjà commencer par la vaisselle, c’est la place d’une femme.
— C’est ça, c’est ça, faites les petits mâles, tant que vous êtes à deux pour m’affronter. Je parie que quand vous êtes seuls face à une fille, vous faites bien moins les ...

... fiers-à-bras.
— Oh, aucune chance. Tu sais, nous, le cul des nanas, à la longue, on en est un peu blasés…
— Chiche ! Moi aussi je peux vous clouer le bec, à condition d’avoir du renfort.

Alors, en vraie pétroleuse, j’ôtai ma veste et ils se turent, d’autant plus que comme Muriel l’avait prévu, la fraîcheur nocturne avait soudain ajouté deux sombres cerises sur mes petits gâteaux.

Ils sortirent le drapeau blanc.

— Je me rends, a fait Gilles. T’es drôlement bien équipée côté culot, et je ne parle même pas du reste.
— On t’adore déjà, en dépit de nos sarcasmes, a concédé Thomas. Tu nous as fait vivre une soirée bien douce, Clara, et pour le coup, elle se termine vraiment en beauté.

La terrasse fermait, le garçon pliait déjà les chaises. Ils m’ont ramenée chez moi, ont été adorables tout au long du trajet. On s’est échangé nos numéros de téléphones, promis de se rappeler.

~~oOo~~

Ils tinrent parole, et sans tarder. Ce fut aussi le premier test pour leur belle solidarité désintéressée. Gilles appela dès le lendemain midi pour proposer de se faire une toile le jour même, à la cinémathèque. Il passerait me prendre en fin d’après-midi. Deux heures plus tard, c’est Thomas qui se manifesta, avec d’autres projets pour la soirée, et ignorant tout de l’initiative de Gilles.

Quand nous nous présentâmes au guichet, Gilles eut la surprise de voir Thomas nous tendre les tickets. Il bredouilla, maugréa un peu, Tom et moi échangeâmes un clin d’œil complice, et nous finîmes ...